« T’inquiètes, j’assure » conclut le restaurateur qui a pris ma commande téléphonique de mets chinois. Le choix des mots m’inspire confiance, je peux compter sur lui. Le rêve de tout gestionnaire de portefeuilles d’actions est de pouvoir utiliser
cette expression: “T’inquiètes, j’assure… ça ne peut pas baisser”. Les surprises économiques rendent cependant impossible l’obtention de certitudes quand à l’avenir. J’ai illustré ce propos par un exemple chiffré à quelques reprises à l’automne lors de rencontres avec des investisseurs. Le présent éditorial résume cet exemple, mais surtout me donne l’occasion de communiquer
des développements récents observés au sein de l’industrie des services financiers.
Supposons que vous souhaitiez retirer dans 10 ans une somme de 100 000$ d’un de vos comptes hors-REÉR pour un projet spécifique. Quelle somme devez-vous déposer dans ce compte aujourd’hui pour espérer pouvoir effectuer ce retrait dans 10 ans? On peut difficilement être certain d’avoir la bonne réponse puisque celle-ci dépend du rendement que nous obtiendrons sur nos placements. Si j’anticipe un rendement de 4% sur mes placements, je dois avoir aujourd’hui en réserve 67 600$. Supposons que je change subitement mes anticipations et que j’escompte dorénavant un rendement de seulement 2%, je dois maintenant détenir plus de 82 000$. Si mon portefeuille ne vaut que 67 600$, j’ai un “déficit actuariel” de 14 400$. Je dois absolument augmenter mes réserves et trouver la somme qui me manque le plus rapidement possible. Sinon, mon objectif ne sera pas atteint au terme de la période de 10 ans.
Ces calculs ne servent pas seulement aux particuliers et aux caisses de retraite. Une compagnie d’assurance qui prévoit devoir débourser un capital décès de 100 000$ dans 10 ans à la succession d’un assuré doit dès maintenant augmenter ses réserves en réponse aux bas taux d’intérêt (rendements anticipés plus bas).
J’ai exposé à plusieurs reprises au cours des derniers mois que cette réalité explique en bonne partie le recul en 2011 du prix des actions de Manuvie (-36.7%), Sun Life (-37.2%) et Industrielle Alliance (-28.6%). Cependant, je n’ai pas eu l’occasion avant aujourd’hui de vous communiquer les développements survenus vers la fin de l’année à ce sujet. Certaines compagnies, bien qu’elles continueront d’honorer les contrats d’assurance en vigueur, n’accepteront plus de nouveaux clients. Voici les grands titres :
« Standard Life abandonne l’assurance individuelle » – 29 nov. 2011[1]
« La Sun Life quitte le secteur des rentes et des assurances vie individuelles aux É.-U. » – 13 déc. 2011*
En conclusion, le ton de mon restaurateur de plats chinois était plus rassurant que celui utilisé ces jours-ci dans l’industrie des services financiers : « T’inquiètes, j’assure…si mes marges de profit me le permettent ».-
Conseiller en placement
Gestionnaire de portefeuille