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Cinq étapes pour éviter de manquer d’argent en RPA au Québec

Bien investir son patrimoine en vue d’une transition vers une résidence

La vente d’une propriété en vue d’un déménagement en résidence privée pour aînés (RPA) constitue une décision importante, souvent motivée par des considérations à la fois personnelles et financières. Que ce soit pour réduire la charge des responsabilités quotidiennes (repas, entretien, déneigement), pour briser l’isolement social, pour libérer des fonds face à la hausse du coût de la vie ou pour garantir un cadre sécurisé en cas de perte d’autonomie, cette décision mérite nécessite une planification rigoureuse et éclairée.

Pour bien aborder cette transition, il est primordial de suivre une démarche structurée et de préparer au préalable cette démarche avec le soutien de votre planificateur financier.

1. Calculer la différence dans votre budget

Certains frais, comme les taxes foncières et scolaires, les dépenses liées au déneigement, à l’électricité, au chauffage, à l’assurance ou encore à l’entretien et aux réparations, ne seront plus à votre charge. Vous pourriez également avoir droit à des aides financières en fonction de vos revenus, comme le crédit d’impôt pour le maintien à domicile des aînés ou encore le programme d’adaptation de domicile.[1] Toutefois, le coût moyen des logements pour aînés au Québec est estimé à 2 250 $ par mois pour une unité standard, et à 3 700 $ par mois pour un logement incluant des soins.[2] Les tarifs varient selon plusieurs facteurs, tels que l’emplacement, le type d’unité, les services proposés (repas, entretien ménager, buanderie, etc.) et le niveau de soins requis.

2. Évaluer le montant de loyer que vous pouvez raisonnablement assumer

Votre planificateur financier déterminera un montant de loyer adéquat en fonction de vos revenus, de vos actifs (y compris la vente de la propriété), et de votre budget. Il prendra en considération le risque de longévité, l’inflation et la croissance de vos placements selon votre profil d’investisseur, ainsi que les coûts de santé en cas de perte d’autonomie.

3. Visiter plusieurs résidences (RPA)

Il est important de visiter plusieurs résidences afin d’évaluer l’ambiance, la qualité de vie, le bien-être des résidents et la diversité des activités offertes. Ce processus vous permettra d’identifier l’environnement répondant le mieux à vos attentes et à votre style de vie

4. Préparer la vente de la propriété

Ne précipitez pas les choses, car l’attente pour obtenir le logement souhaité peut parfois s’étendre sur un an. Profitez de cette période pour trier vos biens, en donnant, vendant ou éliminant les objets que vous ne pourrez pas emporter, en raison de contraintes d’espace.

5. Investir stratégiquement le capital dégagé

Les stratégies recommandées seront adaptées en fonction des buts, projets et rêves de chacun. Voici deux exemples illustrant des scénarios fréquemment rencontrés en pratique.

SCÉNARIO 1

Francine, 73 ans, et Roger, 78 ans, vivent dans la région de la Capitale-Nationale et sont entourés de leurs quatre enfants et trois petits-enfants. Tous deux retraités, Francine de l’enseignement et Roger des Forces armées, ils tirent la majorité de leurs revenus de leurs rentes (fonds de pension, PSV, RRQ). Chaque année, ils transfèrent le retrait minimum obligatoire de leur FERR dans leur CELI, mais en auront besoin à partir du moment où ils habiteront en résidence. Leurs actifs s’élèvent à 800 000$, réparti comme suit : 150 000$ en FERR, 100 000$ en CELI et 550 000$ issus de la vente de leur bungalow. Leurs revenus, incluant les retraits FERR, couvriront leurs dépenses mensuelles en résidence. L’argent provenant de la vente de la propriété peut donc être investi pour le long terme. Roger et Francine se demandent : « Dans quelle mesure est-il possible d’aider nos enfants et petits-enfants en leur attribuant une partie de leur héritage dès maintenant? Comment optimiser fiscalement l’argent issu de la vente de notre maison? »  

Voici nos recommandations pour l’investissement des actifs du couple, y compris les fonds provenant de la vente de la propriété :

  • 20 000$ en liquidités, placés dans un compte d’épargne pour couvrir les frais de déménagement et les divers imprévus.
  • 240 000$ dans le CELI (incluant 140 000 $ de nouveaux dépôts), répartis selon leur profil d’investisseur dans un portefeuille diversifié équilibré (40% revenus fixes, 60% actions). Cette stratégie de rattrapage permet à chacun de maximiser son plafond CELI (70 000$ chacun). Un retrait systématique des comptes courants vers les CELI sera effectué en janvier de chaque année afin de convertir des sommes imposables en montants non imposables.
  • 10 000 $ versés dans le REÉÉ (régime enregistré d’épargne-études) des deux petits-enfants de moins de 17 ans. Les parents n’ont pas cotisé au maximum, ce qui permet aux grands-parents de contribuer jusqu’à 5 000 $ pour chacun des petits-enfants au cours de l’année. Nous recommandons que Roger et Francine transfèrent la somme de 10 000 $ à leur fils afin qu’il l’investisse dans le REÉÉ déjà existant de ses enfants.
  • 5 000$ contribués dans le CÉLIAPP (compte d’épargne libre d’impôt pour l’achat d’une première propriété) de leur petit-fils de 20 ans, en vue de l’achat éventuel de sa première propriété.
  • 375 000$ (187 500$ chacun) versés dans un compte comptant, investis dans un portefeuille équilibré utilisant des fonds en catégorie de société. Les revenus générés sont fiscalement plus avantageux. La maison était détenue en parts égales par Francine et Roger, ce qui a permis de répartir équitablement les 375 000$ : 50 % au nom de Francine et 50 % au nom de Roger. Cette répartition respecte les règles d’attribution et favorise le fractionnement des revenus.
  • 150 000$ placés en FERR, dans un portefeuille équilibré. Les retraits obligatoires annuels des FERR seront versés dorénavant au compte bancaire afin de couvrir leur coût de vie en résidence.

Advenant une perte d’autonomie, ces placements procureraient la souplesse nécessaire pour absorber les coûts additionnels qui pourraient survenir.

Roger et Francine comprennent que, bien que les 615 000 $ provenant de leur CELI et de leur compte comptant (fonds actuellement inutilisés) représentent un montant substantiel, cette somme doit être gérée avec prudence. Ces actifs serviront  à couvrir les imprévus, à faire face à l’inflation et à financer d’éventuelles dépenses liées à la santé en cas de perte d’autonomie, tout en leur offrant une sécurité financière jusqu’à leurs 98 ans, âge auquel ils ont une probabilité de 25 % d’être encore en vie selon les hypothèses utilisées en planification financière.[3] Dans cet esprit, il est conseillé de limiter leurs dons à un montant unique de 15 000 $ pour le moment (REÉÉ et CÉLIAPP), sans engagement de contributions supplémentaires. Cette stratégie pourra être réévaluée dans les années à venir en fonction de l’évolution de leur situation.

SCÉNARIO 2

Jocelyne, 74 ans, vit dans un petit condo situé dans la région de Montréal. Elle n’a pas d’enfants et son conjoint est décédé il y a 10 ans. Elle a commencé à visiter des résidences pour aînés et ne dort plus depuis! Le logement pour personne autonome le moins cher qu’elle a trouvé coûte 3 600$ par mois. Ses seuls revenus récurrents sont sa RRQ et sa PSV. Elle retire 2 500$ par mois de son FERR pour couvrir ses dépenses courantes, et ponctuellement, des montants de son CELI pour des voyages ou des imprévus. Ses actifs s’élèvent à 1 100 000$ (500 000$ en FERR, 50 000$ en CELI et 550 000$ issus de la vente du condo). Elle a refait son budget. Même en ayant moins de dépenses à couvrir (frais de condo, taxes foncières et scolaires, services de téléphone, internet et câble), elle devra malgré tout retirer minimum 2 500$ de plus par mois de ses placements pour vivre. Elle exprime une préférence pour les placements sécuritaires et s’interroge : « Ai-je réellement les moyens d’aller en résidence ? »

Voici 2 simulations de bases, à l’aide d’une calculatrice financière, pour comparer la durée d’un placement de 1 100 000$, avec des retraits indexés de 5 000$ brut par mois, selon le rendement projeté :


Rendement moyen de 2% : durée de 18,34 ans

Rendement moyen de 4% : durée de 22,62 ans

Pour répondre à Jocelyne, investir exclusivement dans des produits sécuritaires augmente le risque de survivre à son capital. Il serait préférable pour madame de détenir des actions dans son portefeuille et de prendre un certain risque pour espérer obtenir un rendement à long terme plus élevé. Les risques d’inflation et de longévité doivent être considérés.

Voici nos recommandations pour l’investissement des actifs de Jocelyne, y compris les fonds provenant de la vente de la propriété :

  • 20 000$ en liquidités placées, dans un compte d’épargne pour couvrir les frais de déménagement et les divers imprévus.
  • 120 000$ dans le CELI (incluant 70 000 $ de nouveaux dépôts), répartis dans un portefeuille diversifié conservateur composé de 55% de revenus fixes et 45% d’actions. Cette stratégie de rattrapage permet à madame de maximiser son plafond CELI. Un retrait systématique du compte courant vers le CELI sera effectué en janvier de chaque année afin de convertir des sommes imposables en montants non imposables.
  • 200 000$ placés dans un compte comptant, répartis dans un portefeuille diversifié conservateur et détenant des fonds en catégorie de société. Ces fonds sont fiscalement avantageux.
  • 260 000$ consacrés à l’achat d’une rente viagère, ce qui permet de sécuriser des revenus additionnels jusqu’en fin de vie, et de sauver de l’impôt. En contrepartie, le capital utilisé pour l’achat de cette rente viagère ne sera plus accessible.
  • 500 000$ investis dans un portefeuille conservateur à l’intérieur du compte FERR. Retraits mensuels prévus équivalents à ±30 000$ par année brut. La stratégie est de retirer le montant du FERR à un taux marginal de 26.11%, taux plus bas aujourd’hui qu’au moment où elle était sur le marché du travail.

Conclusion

En conclusion, la vente de votre propriété en vue d’un déménagement dans une résidence pour aînés nécessite une planification personnalisée approfondie. Il est essentiel de collaborer avec votre planificateur financier, qui saura vous orienter pour éviter les imprévus, vous faire sauver de l’impôt et prévoir un revenu stable à long terme. Ce dernier vous conseillera sur la répartition idéale des actifs de votre portefeuille, en tenant compte de vos besoins financiers, de vos projets et de votre tolérance au risque, avec pour objectif de préserver votre patrimoine sur le long terme.


[1] Source : juridiqc.gouv.qc.ca/Aînés en perte d’autonomie : les aides financières liées au milieu de vie

[2] Source : Prix des résidences pour aînés en 2025: Combien ça coûte au Québec?

[3] Source : app.institutpf.org/espérance de vie

Mise en garde

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Les renseignements contenus aux présentes ont été préparés par un conseiller en placement de la FBN. Les opinions exprimées ici ne reflètent pas nécessairement celles de la FBN.

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J’ai rédigé le présent rapport au mieux de mon jugement et de mon expérience professionnelle afin de vous donner mon avis sur différentes solutions et considérations en matière d’investissement. Les opinions exprimées ici, qui représentent mon opinion éclairée et non une analyse de recherche, ne reflètent pas nécessairement celles de la FBN.

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