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Faire fortune avec les obligations à taux négatifs

Il ne reste qu’une seule chambre disponible à l’hôtel de votre choix pour la date désirée pour vos vacances d’été. Vous savez qu’il s’agit du weekend le plus achalandé de l’année pour l’établissement. Le prix d’hébergement demandé représente le double de ce que vous auriez à débourser en basse saison. Vous saisissez néanmoins l’occasion et réservez sans tarder. La demande est forte et les places sont limitées, vous le comprenez. L’équilibre entre l’offre et la demande est un principe simple. Mais pourtant, il semble avoir été oublié par de très grands financiers partout sur la planète ces dernières années. De l’argent fut « imprimé » dans l’espoir de stimuler l’économie, mais ces opérations non-conventionnelles ont eu des effets inattendus en parallèle. Ces conséquences auraient pourtant été prévisibles, si seulement on avait utilisé un simple modèle d’équilibre entre l’offre et la demande.

Imprimer de l’argent est une manœuvre par laquelle une banque centrale achète des actifs sur les marchés et crée de la monnaie pour régler ces achats. La demande pour ces actifs tend à faire monter les prix (baisser les taux). Tel que l’explique la Banque centrale européenne (BCE) : « Dans ce processus, la BCE, en réalité, n’imprime pas des billets pour régler les achats d’actifs, mais crée de la monnaie électroniquement, qui est portée au crédit du vendeur ou de l’intermédiaire, par exemple une banque commerciale. Le vendeur peut alors utiliser la liquidité supplémentaire pour acheter d’autres actifs ou, lorsqu’il s’agit d’une banque commerciale, accorder du crédit à l’économie réelle. Les achats contribuent à améliorer les conditions monétaires et financières, les entreprises et les ménages pouvant emprunter à moindres coûts, ce qui leur permet d’investir et de dépenser davantage. L’objectif ultime est d’assurer le retour de l’inflation à des taux inférieurs à, mais proches de 2 %… »[i]

L’argent imprimé par les banques centrales ne semble pas du tout avoir été utilisé selon les plans envisagés. En achetant des obligations en circulation sur les marchés, on souhaitait que l’argent neuf remis aux vendeurs de ces titres permette à ces derniers d’investir dans des actions ou de dépenser. En effet, face aux faibles taux obligataires induits par ces opérations, l’investisseur aurait pu s’intéresser davantage à des placements dont le potentiel de rendement était plus élevé. La demande pour les actions qui en aurait découlé aurait soulevé les marchés boursiers, créant un sentiment de richesse dans la population qui aurait ainsi été davantage disposée à dépenser que lorsqu’elle se sent pauvre. Mais finalement, plutôt que de délaisser les obligations au profit des actions, la plupart des caisses de retraite et autres investisseurs institutionnels gardent le cap et achètent toujours massivement des obligations.

Ainsi, une stratégie très payante était d’acheter des obligations sur les marchés et non de les vendre aux banques centrales. Il était clair que la demande pour les titres à revenu demeurerait forte. La Banque centrale européenne (BCE) ne cesse de répéter, et l’écrit clairement dans ses communiqués, qu’elle a l’intention d’acheter en moyenne pour 80 milliards d’Euro par mois jusqu’à la fin de mars 2017[ii] (et peut-être même pour plus longtemps encore). Que faites-vous si vous savez qu’à chaque mois, un bien sera consommé massivement, davantage que par le passé, sans pour autant que la quantité produite de ce bien n’augmente proportionnellement? Vous l’achetez avant que le prix monte. Alors toutes les craintes qu’avaient les investisseurs à propos d’un possible effondrement du prix des obligations semblaient peu justifiées selon le modèle économique simple de l’équilibre entre l’offre et de la demande. La BCE achète et continuera d’acheter des obligations à chaque mois, même si leur prix est de plus en plus élevé, mêmes lorsqu’elles se négocient à des taux négatifs[iii].

Eric Gaudreau, M.Sc., CFA
Conseiller en placements
Gestionnaire de portefeuille

 

[i] Traduction libre d’un extrait du site : ecb.europa.eu/explainers/tell-me-more/html/what_is_money.fr.html
[ii] Source : ecb.europa.eu/mopo/implement/omt/html/index.en.html
[iii] L’achat par la BCE de titres de dette à taux négatif est permis, pourvu que le taux soit supérieur au taux de la facilité de dépôt (présentement -0.40%).

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