L’IA gourmande en énergie canadienne renforcera-t-elle nos liens avec les États-Unis?
L’entraînement des modèles d’intelligence artificielle (IA) de pointe, tels que ceux employés pour la reconnaissance vocale ou la traduction automatique, nécessite une quantité d’électricité qui pourrait alimenter des centaines de foyers pendant une année entière. Pour fonctionner, l’intelligence artificielle a besoin d’un accès à un volume important de données. De vastes infrastructures sont construites pour héberger les serveurs contenant ces données. On estime qu’environ 40 % des projets de construction de centres de données prévus aux États-Unis ne seront probablement pas réalisés en raison des limitations électriques, un défi qui devrait s’aggraver d’ici 2027-2028[1]. Le Canada, avec ses vastes ressources naturelles, est parmi les leaders mondiaux de la production énergétique et pourrait ainsi jouer un rôle clé dans ce contexte.
Pour illustrer à quel point le secteur technologique doit s’approvisionner en électricité, il suffit de regarder la réouverture prévue d’une centrale nucléaire en Pennsylvanie, connue pour avoir été le site du plus grave accident nucléaire commercial aux États-Unis. La compagnie Microsoft a annoncé qu’elle achètera toute l’électricité qui sera produite par cette centrale pendant 20 ans.
Un partenaire énergétique crucial pour les États-Unis
Le 25 novembre dernier, l’Amérique a été secouée par le président élu Donald Trump qui a annoncé son intention d’imposer des droits de douane de 25 % sur les produits importés du Canada et du Mexique. Ce qui n’a pas empêché l’indice composite S&P/TSX d’actions canadiennes d’atteindre un nouveau sommet historique de tous les temps en décembre. Pourquoi une telle menace n’a-t-elle pas inquiété les investisseurs?
Selon Banque Nationale Marchés Financiers, « la perspective d’imposer des droits de douane généralisés sur les importations canadiennes semble hautement improbable. Cibler l’énergie canadienne nuirait à l’économie américaine en augmentant les coûts des raffineries, en réduisant leurs marges bénéficiaires et en faisant grimper les prix des produits raffinés. Il est essentiel de noter que le Canada fournit 100 % des importations américaines de gaz naturel et plus de 60 % des importations de pétrole brut (graphique). Dans le Midwest (PADD 2), la dépendance à l’égard du pétrole canadien atteint en fait 100 % en raison de l’absence de substituts pour le brut lourd sulfureux. »[2]
L’énergie requise par la nouvelle économie
L’explosion de la demande pour l’intelligence artificielle (IA) pose d’importants défis au niveau de l’approvisionnement énergétique. De manière illustrative, une simple recherche Google, qui implique une reconnaissance immédiate des données qui existent déjà et leur retour en une fraction de seconde, consomme une quantité d’énergie relativement faible. En revanche, formuler une demande à une intelligence artificielle, telle que Microsoft Copilot ou un modèle de traitement du langage naturel, nécessite une puissance de calcul bien plus conséquente. L’entraînement initial de ces modèles[3] et le fonctionnement en continu des serveurs pour répondre aux requêtes en temps réel, impliquant des transformations et des synthèses de données massives, rendent la différence colossale : là où une recherche Google peut être comparée à l’énergie consommée pour allumer une ampoule pendant quelques secondes, une requête IA s’apparente plutôt à l’éclairage continu de centaines de milliers d’ampoules pendant des jours.
L’engagement dans le développement de l’IA est particulièrement élevé chez Amazon, Meta, Microsoft, Alphabet et Oracle. Basé sur des données provenant de Bloomberg, la firme J.P. Morgan Asset Management estime que les dépenses d’investissement de capital (CAPEX) de ces 5 géants, exprimées en dollars américains, atteindront 194 milliards en 2024 et 225 milliards en 2025. « Ces dépenses bénéficieront à des secteurs du marché tels que l’immobilier (centres de données), l’ingénierie et la construction, l’énergie nucléaire et renouvelable, la transmission d’énergie, l’électricité alimentée par le gaz, les technologies de refroidissement et les composants électriques qui relient le tout. »[4]
En conclusion, malgré les menaces tarifaires de Donald Trump, les investisseurs à long terme doivent se rappeler que le Canada joue un rôle stratégique dans plusieurs priorités des États-Unis, dont la stabilité des prix (contrôle de l’inflation). Le secteur privé américain perçoit le Canada comme un fournisseur fiable et précieux d’électricité. J’aime penser que mon utilisation de l’intelligence artificielle pour cette chronique contribue aux relations canado-américaines. Le recours grandissant à l’IA, gourmande en énergie, mobilisera-t-il les Américains à vouloir soigner, de façon urgente, leur relation privilégiée avec le Canada 😊? J’aurai au moins essayé!
Pour lire la chronique de janvier 2025 d’Annik c’est ici:
[1] Source : BNC Marchés Financiers, Géopolitique en bref : Le Canada doit mettre en avant ses atouts pour mieux gérer les tensions commerciales
[2] Source : BNC Marchés financiers, Devises. *Les données mensuelles du graphique sont présentées sous la forme d’une moyenne mobile sur 12 mois.
[3] Source : Patterson, D., Thompson, N., et al. (2023). Energy and Policy Considerations for Deep Learning in NLP. arXiv preprint arXiv:2301.02243
[4] Source : J.P. Morgan Asset Management, 2025 Year-Ahead Investment Outlook, traduit de l’anglais au français par Copilot, mon nouvel ami IA 😊