Le réservoir d’essence est à moitié vide. La prochaine station-service est à 250 km d’ici. Deux heures de questionnement m’attendent : vais-je éviter une panne d’essence? Plus je roule vite, moins l’attente est longue, mais plus la consommation d’essence par kilomètre parcouru est élevée. Alternativement, si je diminue ma vitesse, je maximise mes chances de me rendre mais je mettrai plus de temps à savoir si j’atteindrai ou non l’objectif. La réduction de ma vitesse ne me donne aucune garantie. Je dois prendre une décision. Et je ne veux pas décevoir ceux qui m’attendent à destination.
De la même façon, sur le plan économique, l’heure est aux décisions. Un échec aux efforts mis en place pour stimuler l’économie serait comparable à une panne d’essence puisqu’on ne peut prévoir les conséquences qui en découleraient. Deux possibilités s’offrent ainsi à ceux qui tiennent le volant : 1) rouler, le plus rapidement possible, et se croiser les doigts pour ne pas manquer d’essence tout en donnant l’impression à tous, incluant à soi-même, que la situation est normale ou 2) réduire le rythme de croisière, accepter que tous trouveront le chemin plus long, incluant ceux qui nous attendent à destination (citoyens, contribuables, électeurs) et ainsi maximiser nos chances, sans aucune garantie, de se rendre à destination.
En maintenant temporairement bas les niveaux d’imposition des particuliers pour 2011, en continuant d’élargir leurs déficits et en laissant sans cesse croître leur dette nationale, les États-Unis choisissent l’option 1. Ils tentent de minimiser l’attente sur la route qui les sépare d’un tant attendu plein d’essence. Au rythme où les coûteux plans de relance se succèdent, l’économie de ce qu’il leur reste de carburant ne semble pas être une priorité. Cette attitude est contraire à ce qui est préconisé en Europe, et à certains égards au Canada, où on tente de mettre en place des mesures pour réduire la consommation d’argent public (en repoussant l’âge de la retraite pour le secteur public en France, en introduisant au Québec une taxe sur la santé, etc.). Mais ceux qui attendent des résultats à destination (citoyens, contribuables et électeurs) n’ont pas le désir de réduire la vitesse et de « ménager » ce qu’il nous reste dans le réservoir sans obtenir de garantie que la stratégie nous mènera à destination sans panne.
Malheureusement pour eux, les investisseurs n’ont pas les mains sur le volant et ne peuvent décider de l’avenir économique de la planète. Ils doivent néanmoins prendre les bonnes décisions pour leurs propres véhicules de placement. Le réservoir de bonnes nouvelles peut paraître à moitié vide, mais l’optimiste vous dira qu’il est à moitié plein. Il y a présentement un certain momentum positif sur les marchés boursiers. Il s’agit d’une force comparable à celle du vide d’air créé par la voiture devant nous dont on doit profiter si on veut rehausser notre vitesse de croisière sans pour autant augmenter notre effort. Aussi déprimantes peuvent paraître les statistiques sur l’état de l’économie et de l’emploi, certains vents soufflent du bon côté. Ce premier bulletin de 2011 partage notre lecture de ces vents.
Conseiller en placement
Gestionnaire de portefeuille