Dans le doute, choisir la moins grande souffrance
(Règle #11 d’Eric)
Toute autre chose étant égales par ailleurs, nous savons qu’une hausse des taux d’intérêt entraîne une baisse immédiate de la valeur marchande d’une obligation. Faut-il attendre que les taux montent avant d’investir dans les marchés obligataires? Une telle décision pourrait entraîner un énorme coût de renonciation si on ne récolte aucun intérêt en attendant des hausses de taux qui ne se matérialisent pas.
Prenons le cas d’un investisseur qui veut investir dans les obligations malgré ses craintes de hausses de taux. Il sélectionne 10 obligations à coupons détachés dont la valeur à l’échéance de chacune est de 10,000$. Le coût d’achat de ces coupons est d’environ 80 750$ et le rendement pondéré moyen de ces coupons est 3.76%. À chaque année, une de ces 10 obligations vient à échéance et l’investisseur réinvesti le 10,000$ pour 10 ans.
Le tableau suivant illustre la performance de ce portefeuille selon différents scénarios d’évolution des taux d’intérêt. En lisant le tableau, il n’est pas surprenant de constater qu’en supposant une hausse immédiate des taux de 2% (200 points de base) sur l’ensemble de la courbe des taux, le portefeuille obligataire perd 3.54% de sa valeur sur une période de 1 an (une hausse de taux entraîne une baisse du prix des obligations). Si, au contraire, les taux baissent de 0.50%, le portefeuille dégage un rendement positif de 6.62% la première année.
Ce qui est vrai à court terme tend cependant à s’inverser avec le temps. Ainsi, en supposant une hausse immédiate* des taux de 2% sur l’ensemble de la courbe des taux, la performance du portefeuille sur une période de 6 ans est 4.90% par année contre seulement 4.50% dans le cas d’une baisse de 0.50% des taux. Le réinvestissement des sommes à échéance à des taux plus intéressants au fil du temps explique cette différence. Ainsi, une hausse de taux peut être bénéfique pour la performance à long terme d’un portefeuille obligataire.
Si on pouvait prédire avec certitude les hausses de taux, il est certain que d’attendre ces hausses pour investir aux meilleurs taux serait le scénario le plus intéressant. En placement, il faut cependant avoir la modestie de reconnaître que nos anticipations peuvent très bien ne jamais se matérialiser. Il faut donc se demander qu’est-ce qui provoque la plus grande souffrance : 1) investir et voir les taux monter et n’en profiter qu’au moment du réinvestissement ou 2) ne pas investir et voir les taux diminuer jusqu’à 0% sans ne jamais prendre de position.
Conseiller en placement
Gestionnaire de portefeuille
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* On suppose ici que les changements de taux sont instantanés plutôt que graduels et que les taux demeurent ensuite les mêmes tout au long de la période.