Emprunter ou piger dans ses épargnes? https://moncoachfinancier.com Mon coach financier Sat, 12 Oct 2024 14:02:04 +0000 fr-CA hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.5.5 https://moncoachfinancier.com/wp-content/uploads/2024/05/favicon.png Emprunter ou piger dans ses épargnes? https://moncoachfinancier.com 32 32 La question la plus fréquemment posée par nos clients en 2024 https://moncoachfinancier.com/editoriaux/emprunter-ou-piger-dans-ses-epargnes/ Fri, 11 Oct 2024 20:31:09 +0000 https://moncoachfinancier.com/?post_type=editoriaux&p=2558 Emprunter ou piger dans ses épargnes?

Par Annik Noël et Eric Gaudreau

Stéphane a toujours retenu : « qui paie ses dettes s’enrichit ». Lorsque nous avons fait sa connaissance en début d’année, il exprimait ainsi sa vision des finances de son ménage : « notre situation est belle, mais nous n’arrivons pas à rembourser nos emprunts assez rapidement pour enfin commencer à investir suffisamment pour notre retraite ». Julie, sa conjointe, ressentait pour sa part un malaise face au nouveau financement de 100 000$ obtenu pour des rénovations résidentielles. Nous partageons aujourd’hui à nos lecteurs les solutions présentées à ce couple ainsi qu’une liste d’éléments à considérer pour doser de façon optimale le remboursement d’emprunt et l’épargne en vue de la retraite.

Rénover sans compromettre les autres projets

Julie et Stéphane aimeraient prendre leur retraite dans 20 ans. Mais, ils se demandent s’ils peuvent y arriver. En considérant l’emprunt supplémentaire de 100 000$ qu’ils viennent tout juste d’obtenir pour leurs rénovations, le solde de leur hypothèque s’élève maintenant à 240 000$ (voir tableau 1).

Stéphane participe à un régime de retraite à prestations déterminées (ou fonds de pension). Cette option n’est pas offerte à Julie par son employeur. Notons que la rémunération globale de Julie de 172 866$ par année inclut un boni de 22 840$ qu’elle reçoit à chaque mois de janvier. Son employeur l’encourage à recevoir ce boni directement dans un REÉR. Cependant, Julie ne s’est jamais prévalue de cette option et préfère toucher son boni et l’utiliser pour effectuer un remboursement supplémentaire par année sur l’hypothèque. Son contrat d’emprunt lui permet en effet d’effectuer des acomptes en capital, c’est-à-dire de rembourser jusqu’à 10% de la valeur initiale de son hypothèque chaque année, sans pénalité, en plus de ses versements habituels. Le boni de Julie est imposable bien entendu. Une fois les impôts de 10 840$ retranchés, Julie reçoit un montant net de 12 000$, somme qu’elle donne avec discipline à son prêteur hypothécaire chaque année.

Épargner d’abord ou rembourser ses dettes?

Leur objectif est très clair : rembourser en totalité leur hypothèque avant de prendre leur retraite. Ils acceptent d’entendre qu’une telle stratégie n’optimise pas nécessairement la croissance de leur patrimoine à plus long terme, mais il n’est pas question pour eux d’avoir des dettes à la retraite. Les scénarios que nous leur présentons respectent bien entendu ce désir. Le départ à la retraite s’effectue à 65 ans dans les deux approches étudiées.

  • Scénario A : Rouler annuellement le boni de Julie en REÉR tel qu’encouragé par son employeur. Cesser ainsi l’acompte en capital de 12 000$ par année sur l’hypothèque.
  • Scénario B : Prioriser d’abord le remboursement complet de l’hypothèque, grâce aux acomptes en capital de 12 000$ par année faits par Julie. Débuter par la suite l’épargne annuelle dans un REÉR, jusqu’au jour de la retraite.

Payer ses dettes… sans s’enrichir

Vendons la mèche dès maintenant : Julie et Stéphane ne devraient pas reporter à plus tard l’accumulation d’épargne pour la retraite comme ils le font (scénario B). Le scénario A est notre préféré pour Julie et Stéphane. Épargner dès l’âge de 45 ans enrichirait davantage le couple, même si les intérêts totaux versés sur leur hypothèque sont significativement plus élevés. Les sections suivantes présentent l’analyse étroite des deux scénarios envisagés.


Le coût en intérêts des différents scénarios

L’emprunt du couple s’élève à 240 000$. Ils ont renégocié leur hypothèque à un taux fixe de 4.40% pour un terme de 5 ans. Dans chacun de nos scénarios (A et B), nous supposons que ce taux de 4.40% demeurera en vigueur jusqu’au remboursement final de l’emprunt. Il correspond d’ailleurs exactement au niveau suggéré par les normes d’hypothèses de projection de 2024 de l’Institut de planification financière[1]. À ce taux d’emprunt, leurs versements hypothécaires réguliers représentent 1 500$ par mois, un niveau avec lequel ils sont confortables.

Regardons d’abord le scénario A. Julie choisit de rouler la totalité de son boni dans son REÉR, c’est-à-dire, de cotiser un montant de 22 840$ par année (sans retenue d’impôts), pendant 20 ans, dans son régime enregistré d’épargne retraite. En optant pour un tel roulement, elle ne recevra plus les 12 000$ par année dont elle se servait jusqu’à maintenant pour les acomptes en capital sur l’hypothèque. Dans ce scénario, le couple se limite donc aux versements réguliers de 1 500$ par mois. L’emprunt sera remboursé progressivement sur 20 ans et les intérêts totaliseront alors 120 074$ (illustration 1)[2].

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Illustration-1-Comparaison-du-cout-en-interet.jpg.

Le scénario B correspond à la stratégie appliquée depuis toujours par Julie et Stéphane : un remboursement accéléré de l’hypothèque. L’utilisation des bonis de Julie pour effectuer annuellement des remboursements anticipés de 12 000$ réduirait la charge totale d’intérêts à 52 678$ (ce qui équivaut à moins de la moitié de celle du scénario A). Ils espèrent ainsi rembourser au complet leur hypothèque en seulement 9 ans et 7 mois (illustration 2). Lorsqu’ils n’auront plus de versements hypothécaires à effectuer, l’équivalent de ces paiements sera cotisé au REÉR de Julie.

Le bilan à 65 ans

À quoi ressemblera le bilan du couple lorsqu’ils auront 65 ans? Dans chaque scénario (A et B), ils n’auront aucun passif, puisque l’hypothèque sera complètement remboursée tel que désiré. La seule différence au bilan à 65 ans se situe au niveau des actifs. Ainsi, pour sélectionner la meilleure stratégie à adopter pour le couple, il ne reste qu’à comparer la valeur du REÉR de Julie à 65 ans. À nouveau, nos calculs s’appuient sur les normes d’hypothèses de projection de 2024 de l’Institut de planification financière. En considérant le profil d’investisseur de Julie et les honoraires de gestion de son institution financière, le rendement utilisé pour nos calculs se situe à 4.80%.

Dans le scénario A, Julie met de côté son boni à chaque début d’année. Elle accumule ainsi 22 840$ par année jusqu’à la retraite. Sur une période de 20 ans, elle aura déposé 456 800$ dans son REÉR. En considérant les rendements, son REÉR atteint une valeur de 774 952.32$ au jour 1 de sa retraite (illustration 3).

Selon le scénario B, le couple débute l’épargne pour la retraite seulement lorsqu’ils sont libres de dettes, c’est-à-dire en août 2033. Par la suite, Julie cotisera à son REÉR l’équivalent des sommes auparavant allouées aux versements hypothécaires réguliers, ainsi que ses bonis annuels, jusqu’à la fin de sa carrière (voir au besoin l’encadré intitulé « plan détaillé d’épargne du scénario B »). L’illustration 3 montre que les contributions REÉR totaliseront 581 975$, soit environ 125 000$ de plus qu’au scénario A. Mais puisqu’aucun dépôt n’est effectué avant 2033, la magie des rendements composés à long terme ne brille pas, et le REÉR de Julie à 65 ans atteint une valeur moins élevée qu’au scénario A (écart d’environ 31 000$).

En conclusion, qui paie ses dettes s’enrichit moins rapidement s’il néglige au même moment ses REÉR! Tolérer un rythme lent de remboursement hypothécaire (scénario A) pour bénéficier de l’avantage des rendements composés à long terme s’avère plus payant.


Plan détaillé d’épargne du scénario B (lecture facultative, pour le bénéfice des plus curieux)

À des fins de simplification, nous supposons que le couple arrive à se budgéter de façon à investir à l’avance le retour d’impôt à recevoir. Concrètement, le couple épargne en 2033 l’équivalent de 5 versements hypothécaires (août à décembre), et cotise en fin d’année 14274,84$[(1500 X 5) / (1- 0.4746)] au REÉR de Julie. Les 10 années subséquentes, ils répètent le même exercice. Mettre de côté l’équivalent de leur ancienne mensualité hypothécaire de 1 500$ permet à Julie d’ajouter 33 930$ supplémentaires en REÉR à la fin de chaque année (en incluant le retour d’impôt de 15 930$ à venir). Julie demande également à son employeur de rouler chaque année son boni de 22 840$ directement dans un REÉR à partir de janvier 2034. Un total de 56 770$ par année est ainsi cotisé en REÉR durant les 10 dernières années de sa carrière. Cette méthodologie équivaut à dire que les dépenses annuelles du couple avant la retraite sont les mêmes dans le scénario A et le scénario B (on ne leur demande pas de se serrer la ceinture davantage dans l’un ou l’autre des scénarios).


DOIT-ON EMPRUNTER OU RETIRER DE SON CÉLI ?

Pour effectuer les rénovations de 100 000$ du couple, est-il préférable d’emprunter ou de retirer cette somme du CÉLI de Stéphane?

Contrairement aux questions à propos des REÉR, celles à propos des CÉLI se répondent très simplement. L’exercice d’optimisation se limite généralement à comparer le taux de rendement projeté du CÉLI au taux d’emprunt hypothécaire (4,40% dans le cas de Julie et Stéphane). Si Stéphane préfère détenir des placements rachetables lui rapportant moins de 4,40%, il est préférable de retirer son CELI plutôt que d’emprunter. Au contraire, s’il s’est procuré des investissements à des taux supérieurs à 4,40%, il est préférable d’emprunter et de laisser croître l’argent dans son compte d’épargne libre d’impôt.

AUTRES CONSIDÉRATIONS

  • Attention aux conséquences d’une séparation ou d’un décès. Si Julie et Stéphane sont mariés, les REÉR font partie du patrimoine familial, au même titre que le fonds de pension. Ils seront donc inclus dans la valeur nette totale du couple à partager s’il y a séparation ou au décès (50% pour Stéphane et 50% pour Julie). Soulignons que les CÉLI ne font pas partie du patrimoine familial des couples mariés. Un individu marié doit y penser à deux fois avant de retirer des sommes d’un CÉLI pour payer des rénovations apportées à une résidence faisant partie du patrimoine familial! Pour les couples en union de fait, une convention de vie commune est recommandée lorsqu’il y a un écart d’enrichissement entre les conjoints.
  • Le couple reconnaît qu’il est avantageux de déduire leurs cotisations REÉR sur la déclaration de revenus de Julie, puisque son salaire est supérieur à celui de Stéphane. S’ils le désirent, jusqu’à 100% des cotisations pourraient être versées dans un REÉR de conjoint, dont Stéphane sera le rentier, même si la déduction s’effectue du côté de Julie. Prendre note que le concept de REÉR de conjoint existe tant pour les couples mariés que pour les conjoints de fait.
  • Les cotisations aux REÉR pourraient s’avérer être plus payantes que prévu! Par exemple, une cotisation REÉR peut baisser les revenus imposables d’une famille et permettre d’augmenter les allocations familiales, de se qualifier à la subvention supplémentaire dans le RÉÉÉ, et de recevoir des crédits d’impôt ou déductions supplémentaires. Une analyse du dossier par un expert fiscal est recommandée.

[1] Source : https://app.institutpf.org/?locale=fr#/guidelines

[2] Calculatrice hypothécaire utilisée : https://itools-ioutils.fcac-acfc.gc.ca/MC-CH/MCCalc-CHCalc-fra.aspx

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La politique monétaire restrictive des principales banques centrales de la planète n’a-t-elle pas ralenti la consommation? https://moncoachfinancier.com/editoriaux/hausse-versement-hypothecaire/ Wed, 10 Jul 2024 18:22:00 +0000 https://moncoachfinancier.com/?post_type=editoriaux&p=2330 Pourquoi les restaurants sont-ils pleins?

Vous souvenez-vous de l’époque où nous pouvions improviser nos sorties au restaurant, à l’hôtel ou dans un camping? L’époque où nous n’avions pas besoin de réserver une semaine à l’avance. Même l’achat d’un macaron du Festival d’été de Québec pouvait s’effectuer la journée même d’un spectacle! « On va attendre de voir la température avant d’acheter »! Une liberté qui ne semble plus exister! Alors que les taux d’intérêt sur les emprunts ont explosé en 2022 et 2023, vous arrive-t-il de vous demander pourquoi autant de clients remplissent les magasins et les restaurants? Malgré la hausse vertigineuse du coût des voyages, le trafic aérien mondial en 2024 pourrait dépasser celui observé avant la pandémie selon l’Association International du Transport Aérien! La politique monétaire restrictive des principales banques centrales de la planète n’a-t-elle pas ralenti la consommation? On dit souvent que les interventions des banques centrales tardent à se faire sentir dans l’économie. Étudions aujourd’hui les raisons à l’origine de ce délai.

Taux variable! Pas de problème, mon versement est fixe!

Les prêts hypothécaires à taux variable peuvent être remboursés au moyen de versements variables… ou fixes. Selon une note publiée par la Banque du Canada[3], environ 75% des prêts hypothécaires à taux variable sont remboursés par versements fixes. Lorsque le taux préférentiel augmente, le montant total de chaque versement demeure inchangé, mais une plus grande partie de celui-ci sert à payer des intérêts. Certains contrats prévoient qu’une augmentation du versement sera exigée si le taux monte au point où la totalité d’un versement hypothécaire est affectée au paiement des intérêts (puisqu’aucun capital ne pourrait alors être remboursé). Mais certains prêteurs acceptent d’accumuler jusqu’à un certain point les intérêts non couverts sur le solde du prêt. Le solde du prêt augmente alors, tout simplement (on parle ici d’amortissement négatif)!

Selon la Banque du Canada, de nombreux prêts à taux variables et à versements fixes sont actuellement en situation d’amortissement négatif. Leur solde augmente donc au fil du temps. La Banque estimait qu’en novembre 2023, pas plus du quart de ces hypothèques avaient nécessité un ajustement des versements. Notons que le taux préférentiel était à son sommet à cette époque (5% contre 4,75% aujourd’hui). Ainsi, plusieurs emprunteurs à taux variable n’auront jamais subi de hausse de versement durant la période de politique monétaire restrictive des dernières années!

Certains détenteurs de tels contrats ont possiblement décidé de leur propre chef d’augmenter leurs versements, proactivement. Mais pour les autres, le réveil pourrait être brutal au moment du renouvellement. Ces prêts nécessiteront de fortes augmentations de versements si le respect du calendrier d’amortissement initial est souhaité (ligne verte du graphique 1).

Graphique 1 : Versement hypothécaire si les taux évoluent selon les attentes des marchés financiers[4].

L’impact sur les dépenses de consommation se fera sentir pendant longtemps

Le 17 juin 2024, la Banque du Canada a publié une note intéressante sur le récent cycle de hausse des taux et ses effets sur la consommation des emprunteurs hypothécaires[5]. Bien que la dernière hausse de taux ait eu lieu en juillet 2023, l’impact sur le revenu disponible[6] des emprunteurs hypothécaires s’accentue présentement et pourrait être plus élevé en 2028 qu’en 2024!

D’où vient cette persistance? Selon la Banque du Canada, l’explication réside dans l’impact de rembourser moins rapidement le capital (une plus grande portion des versements étant affectée au paiement des intérêts en raison des hausses de taux).

Graphique 2: Impact des hausses inattendues de tauxsur le revenu disponible

Ainsi, peut-on lire dans l’étude : « l’emprunteur hypothécaire moyen en janvier 2028 [sera face à un solde d’emprunt qui sera] 2.8% supérieur à ce qu’il anticipait en février 2022. Cette augmentation du fardeau de la dette dans le futur réduira davantage la consommation des ménages avec emprunt hypothécaire, suggérant que les effets d’un cycle de hausse des taux peuvent durer plus longtemps que le cycle lui-même ».

Aurons-nous un jour accès à nouveau aux restaurants, sans réservation?

Quelles conclusions devons-nous tirer des impacts des hausses des taux survenues en 2022 et 2023? La Banque du Canada indique que le portrait est plus complet lorsque l’on tient compte de l’évolution du revenu des ménages. L’une des grandes conclusions de leur étude de décembre 2023 est que « la plupart des détenteurs de prêts hypothécaires ne subiront pas de stress financier important en raison de l’augmentation de leurs versements hypothécaires dans les prochaines années tant que leurs revenus continueront d’augmenter ». Ainsi, dans sa lutte à l’inflation, la banque centrale du Canada a estimé l’impact de ses décisions et elle a tenté de quantifier le risque pour l’économie pour établir son taux directeur à un niveau qu’elle jugeait raisonnable. Certains seront durement touchés, puisque les revenus de chacun ne peuvent augmenter au même rythme que la moyenne. D’autres s’en sortiront mieux et compétitionneront toujours pour réserver leur restaurant préféré! Résumons et concluons avec ce dernier extrait du rapport : « Sans augmentation de revenus, d’ici la fin de 2027, l’emprunteur médian pourrait devoir allouer à son prêt un montant supplémentaire allant jusqu’à 4 % de ses revenus avant impôt. En revanche, pour certains emprunteurs, la croissance des revenus pourrait atténuer l’effet du relèvement des taux d’intérêt sur le service de la dette. »


[3] teNyenhuis, M. et A. Su (2023). « L’effet des hausses de taux d’intérêt sur les versements hypothécaires », note analytique du personnel 2023-19, Banque du Canada.

[4] Source : https://www.banqueducanada.ca/2023/12/note-analytique-personnel-2023-19/

[5] teNyenhuis, M. et al. « Impacts of interest rate hikes on the consumption of households with a mortgage », note analytique du personnel 2024-14, Banque du Canada.

[6] Le revenu disponible dont il est question dans l’étude est défini ainsi : revenu familial brut auquel on soustrait les versements hypothécaires.


Un jour ou l’autre, il faudra payer l’impôt dû!

Par Annik Noël

Robert (76 ans) et Louise (72 ans) sont conjoints de fait depuis 45 ans. Ils ont deux enfants, qui ont aujourd’hui une famille et un bon emploi. Robert et Louise se disent que tant qu’à refaire leur testament devant notaire, ils veulent en profiter pour bien planifier leur succession, comprendre la fiscalité au décès et avoir des conseils pour réduire l’impôt à payer à leur décès.  

Leurs volontés successorales se résument à ceci : ils lèguent d’abord la totalité de leurs biens à l’un et l’autre. Au 2e décès, ils lèguent en parts égales tous leurs biens à leurs deux enfants.

Robert gagne environ 35 000$ de revenus par année. Il lui reste 300 000$ en FERR, 112 000$ en CELI et 150 000$ en placements non enregistrés (prix de base rajusté 70 000$). Louise gagne environ 80 000$ de revenus par année. Il lui reste 200 000$ en FERR et 80 000$ en CELI. Ils ont ensemble une maison unifamiliale d’une valeur de 600 000$ (prix d’achat 150 000$) sur laquelle il y a une hypothèque de 250 000$ et un chalet, qu’ils ont payé 50 000$ il y a 25 ans, qui en vaut aujourd’hui 400 000$.

Qu’arrive-t-il au décès de Robert? Et au deuxième décès, celui de Louise? Le plus simple est de séparer les biens en trois catégories : les biens immeubles, les placements enregistrés (FERR) et les investissements (CELI et non enregistrés). Il faut savoir que tous les biens sont réputés être vendus à leur juste valeur marchande au jour du décès. De plus, les impôts sont payables par le défunt; les héritiers reçoivent les biens nets d’impôts, à moins d’une mention autre dans le testament.

Propriétés

Le legs au conjoint permet de reporter l’impôt successoral, ainsi, au décès de Robert, les propriétés seront simplement transférées à Louise. Au décès de Louise, aucun impôt ne sera payable sur la « résidence principale ».  Attention, pour chacune des années où elle détenait les deux propriétés, le liquidateur pourra faire un choix stratégique pour déterminer laquelle devrait être considérée la « résidence principale » et bénéficier de l’exemption d’impôt. Dans la plupart des cas, ce sera celle dont la plus-value annuelle a été la plus importante. Dans notre cas, disons que la maison unifamiliale est exempte d’impôt. Comment calculer l’impôt à payer sur le chalet?

Supposons des frais liés à l’achat de 5 000$, des travaux d’amélioration de 50 000$ et des frais de vente de 16 000$.

Prix de vente – frais vente :        384 000$
Moins coût rajusté du chalet : – 105 000$[1]
Gain en capital à déclarer: 279 000$

Placements enregistrés (FERR)

Au décès de Robert, le solde du FERR pourrait être « roulé » à Louise, sans impact fiscal. Plusieurs liquidateurs optent pour cette stratégie par défaut, mais est-ce toujours la meilleure option? Il est possible d’effectuer un roulement partiel au conjoint. Le liquidateur pourrait choisir par exemple, par roulement indirect, d’imposer un montant de 68 000$ dans la déclaration de Robert dont le taux d’imposition marginal sera de moins de 36.12% (revenus estimés l’année du décès à 103 000$), et de « rouler » 232 000$ à Louise, afin qu’elle s’impose à ±36.12% sur les retraits minimums FERR futurs. Il faut prévoir que Louise ne pourra plus fractionner ses revenus et pourrait devoir rembourser une partie de sa pension de la sécurité de vieillesse. De plus, si le versement minimum FERR annuel de Robert ne lui a pas été versé avant son décès, ce montant sera imposable dans les mains de Louise ou de la succession.

Il est possible de léguer un REÉR/FERR sans impact fiscal si l’héritier est un conjoint, un enfant (ou petit-enfant) mineur dont vous avez financièrement la charge ou un enfant (ou petit-enfant) en situation d’handicap physique ou intellectuel (achat d’une rente, transfert dans un REER/FERR ou REEI). Autrement, comme dans le cas présent, supposons que Louise décède et lègue 389 000$ en FERR à ses enfants, cette somme devra être ajoutée en totalité à ses revenus dans la déclaration d’impôt finale..

Placements non enregistrés et CELI

Concernant les placements non enregistrés, Robert peut léguer les placements valant 150 000$ à sa conjointe et éviter de s’imposer sur le gain de 80 000$. Au décès de Louise cependant, les placements seront réputés être vendus et Louise devra payer l’impôt sur le gain.

L’argent accumulé dans le CELI n’est pas imposable jusqu’au décès, cependant, la plus-value entre le moment du décès et la fermeture du compte CELI est imposable comme un revenu régulier. Par exemple : Robert décède le 28 juin 2023 et possède 112 000$ dans son CELI. Le compte CELI n’est pas fermé le jour du décès. Il n’est « roulé » à Louise que le 3 février 2024, avec un solde de 114 200$. Louise devra ajouter un montant de 2 200$ dans sa déclaration de revenus. Elle pourra également continuer à cotiser à son CELI même si le solde s’élève à 195 000$, car la somme reçue en héritage n’affecte pas son propre plafond de cotisation.  Supposons que les droits CELI de Louise sont de 20 000$, elle pourra cotiser 20 000$ supplémentaire au CELI. Le solde du compte sera maintenant à 215 000$. Au décès de Louise, ce sont les mêmes règles qui s’appliquent, cependant la plus-value entre le moment du décès et la fermeture du compte CELI sera imposée dans les mains de la succession.

Calcul des impôts au décès de Louise

Supposons les actifs suivants au moment du décès : FERR 389 000$, CELI 403 000$, non enregistré 50 000$ (20 000$ de gains), chalet (279 000$ de gains).

Les revenus imposables ci-haut seront ajoutés aux autres revenus de l’année dans la déclaration de revenus finale. Ces calculs tiennent compte des nouvelles règles sur le taux d’inclusion des gains en capital lorsqu’ils excèdent 250,000$ pour l’année[2].

Finalement, le liquidateur doit s’assurer d’avoir payé les impôts et les dettes (tous les créanciers), les sommes dues au conjoint marié le cas échéant et les legs particuliers avant de procéder au partage des biens aux héritiers.


[2] Site gouvernement Canada : ministere-finances/nouvelles/2024/06/taux-dinclusion-des-gains-en-capital

[1] Coût rajusté du chalet : prix d’achat + frais d’achat + travaux = 105 000$

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Amasser et préserver suffisamment d’argent pour sa retraite https://moncoachfinancier.com/editoriaux/amasser-et-preserver-suffisamment-argent-pour-sa-retraite/ Tue, 09 Apr 2024 21:13:00 +0000 https://moncoachfinancier.com/?post_type=editoriaux&p=1790 Les pneus 13 pouces du Mercury Lynx 1982

Par Eric Gaudreau

J’ai appris à conduire il y a 30 ans sur une voiture équipée de pneus 13 pouces : le Mercury Lynx « stationimage contenant véhicule, Véhicule terrestre, pneu, roue wagon » que mes parents mettaient à ma disposition pour mes déplacements. En comparaison, plusieurs automobiles sont aujourd’hui équipées de pneus ayant 17 pouces ou plus de diamètre, ce qui rend le confort absolument incomparable. Ceux qui l’ont vécu s’en souviennent sans doute, votre pneu de 13 pouces trouvait le fond de presque chaque petit nid de poule sur la route. Et si vous n’étiez pas attaché, votre tête allait alors se heurter au plafond! Les nids de poule existent encore de nos jours, mais les mœurs et équipements ont changé. Pourquoi parle-t-on de pneus d’auto dans une chronique financière? Pour illustrer qu’en finances personnelles, tout comme au volant, certaines choses sont hors de notre contrôle. Mais nous pouvons exercer certains choix pour mitiger les impacts de ces aléas.

Tout le monde cherche à optimiser ses rendements, et il est louable de le faire. Mais obtenir un fort taux de rendement ne peut pas tout régler. Si un travailleur âgé de 55 ans disposant de peu d’épargne et ne cotisant à aucun fonds de pension se présente à moi avec un projet de prendre sa retraite dans 3 à 5 ans, je ne vais pas lui laisser croire que nos services de gestion de portefeuille lui feront atteindre ses objectifs.

Doubler le temps est plus payant que doubler le rendement

Dans la formule des rendements composés, doubler le temps est plus payant que doubler le rendement! Prenons l’exemple d’un investisseur qui envisage initialement investir 100 000$ à 5% pendant 5 ans. En calculant l’effet composé des rendements dans le temps, ce dernier estime que sa fortune s’élèvera à 127 628$ après 60 mois. N’étant pas pleinement enchanté par les résultats de son calcul, il se dit qu’il serait bien heureux de trouver une solution d’investissement lui procurant 10%, plutôt que 5%. Ce qui lui procurerait 161 051$ au terme de 5 ans. Le seul problème est qu’un rendement de 10% garanti n’existe pas de nos jours. Avec des « placements risqués », rapportant potentiellement de meilleurs rendements, la seule chose qui est garantie, c’est qu’il s’agit, comme le mot le dit, d’un placement risqué. On risque de faire mieux… ou on risque de faire pire. On n’a pas le contrôle. À l’opposé, on exerce un certain contrôle sur une autre variable dans la formule des rendements composés : le temps. Si on laisse croître notre placement pendant 10 ans plutôt que 5 ans, la valeur à échéance s’élèvera à 162 889$.

Le tableau 1 montre qu’il est toujours plus payant de doubler le temps plutôt que le rendement. La cellule en jaune montre le résultat de l’exercice du paragraphe précédent : celui qui envisageait initialement un placement de 5 ans à 5% obtiendra davantage s’il double le temps (162 889$) que s’il double le rendement (161 051$). Le résultat de 101.14% s’obtient en divisant 162 889$ par 161 051$.

Cette règle s’applique aussi à d’autres niveaux de rendement ainsi qu’à d’autres horizons (chaque résultat étant supérieur à 100%). Si vous envisagez au départ un investissement de 2 ans à 15%, votre 100 000$ progresserait à 132 250$. Vous en voulez davantage et cherchez à doubler votre rendement (30% au lieu de 15%), vous obtiendriez alors 169 000$ après 24 mois. Alternativement, vous pouvez vous enrichir davantage en choisissant de doubler l’horizon, sans changer le rendement (100 000$ à 15% pendant 4 ans plutôt que 2 procureront 174 901$). Doubler le temps est plus payant que doubler le rendement (cellule verte du tableau 1 : 174 901$ / 169 000$ = 103.49%).

Doubler son effort à l’épargne est plus payant que doubler le rendement

Le temps agit de façon magique, nous l’avons vu. Mais s’il est trop tard pour vous et que vous n’avez pas pu épargner tôt, il vous reste malgré tout une variable sur laquelle vous avez un certain contrôle : votre effort à l’épargne.En laissant les rendements se composer pendant 5 ans à 5% une somme initiale de 1 000$, nous obtenons 1 276$ à l’échéance (capital et intérêts inclus). À 10%, la valeur à échéance progresserait plutôt à 1 611$. Satisfaisant, j’en conviens. Mais qu’arriverait-il si nous investissions 2 000$ au lieu de 1 000$, sans augmenter le rendement? La valeur à la fin atteindrait 2 553$ (à 5% de rendement). Pour atteindre un aussi bon résultat (c’est-à-dire 2 553$ à l’échéance), mais n’épargnant que 1 000$ plutôt que 2 000$, il aurait été nécessaire de quadrupler le rendement sur notre 1 000$ (un rendement de plus de 20% étant requis plutôt que le 5% initialement attendu).

En conclusion, la solution à de nombreux problèmes réside dans le fait de bouger certaines variables. Si un pneu 13 pouces est trop petit pour les trous qui se forment inévitablement le printemps sur nos routes, l’utilisation d’un pneu d’une plus grande dimension augmente le confort. De la même façon, si nos objectifs financiers semblent inatteignables avec les solutions de placements à notre portée et les taux de rendement qu’elles procurent, certaines décisions à propos de variables sur lesquelles nous exerçons un contrôle peuvent nous permettre d’arriver à notre but.

Épargnez tôt et épargnez gros! Ou retirez peu et retirez tard! Ces choix sont à votre portée. L’impact sur votre fortune sera gigantesque.

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Une chance sur 2 ou sur 4?

Par Annik Noël

Je dois vous partager aujourd’hui une grande préoccupation que j’ai et qui amène parfois des frustrations pour la personne qui vient me voir pour une projection de retraite. Lorsque je présente un plan dans lequel j’indique comme hypothèse un décès à 95 ans pour un homme ou 97 ans pour une femme, on me répond souvent: « Mais je vais être mort(e) depuis longtemps! ». En planification financière, décéder tôt n’augmente pas le risque de manquer d’argent. C’est même le contraire, plus l’on vit longtemps, plus le risque de vider complètement son bas de laine est élevé. C’est justement de ce risque dont on veut se protéger : le risque de survivre à notre capital.

Espérance de vie

L’espérance de vie à la naissance est différente de l’espérance de vie à 65 ans. Selon l’Institut de la statistique du Québec[1], on explique que « l’espérance de vie du moment mesure le nombre moyen d’années qu’une population pourrait s’attendre à vivre si elle était soumise tout au long de sa vie aux conditions de mortalité d’une année ou d’une période donnée […] Il faut savoir que plus un individu avance en âge, plus l’âge qu’il peut espérer atteindre augmente ». Ainsi, un homme qui a atteint 65 ans peut espérer vivre jusqu’à 84,6 ans et une femme jusqu’à 87 ans. Comme vous pouvez le constater sur l’illustration à droite, l’espérance de vie ne fait qu’augmenter depuis 1975!

Probabilité de survie

Il y a un risque financier associé à la possibilité que vous viviez plus longtemps que prévu. Si vous faites votre plan de retraite en prévoyant un épuisement du capital à 84,6 ans (homme) ou 87 ans (femme), vous avez plus de 50% de chance[2] d’échouer et de manquer d’argent! Êtes-vous prêt à accepter ce risque? J’ai vu dans ma carrière certaines personnes prendre leur retraite à 60 ans et dilapider leur argent au début de la retraite pour « en profiter pendant qu’ils sont en bonne santé » puis finir par le regretter à 80 ans. Mon rôle est de bien conseiller les gens qui me consultent et de respecter leurs valeurs et leurs objectifs de vie. Je dois cependant, en tant que professionnelle, leur démontrer les conséquences de leurs choix ainsi que les divers risques auxquels ils font face afin qu’ils puissent prendre des décisions éclairées et avoir une tranquillité d’esprit. Je trouverais cela très malheureux qu’un jour, une cliente de 85 ans vienne me voir en fauteuil roulant et me dise : « Ton plan n’a pas fonctionné, je n’ai plus un sou pour payer mon loyer et je n’ai pas le choix de vivre dans une résidence adaptée. Je fais quoi? »

Voici, selon moi, deux grands risques à la retraite:

  • Le risque de survivre à son capital;
  • Le risque d’être en perte d’autonomie ou malade très longtemps;

Risque de survivre à son capital

Pour diminuer le risque de survivre à son capital, une solution assez simple est d’éviter de sous-estimer son espérance de vie. Pour ce faire, il est préférable de se fier aux normes d’hypothèses fournies par l’Institut de Planification Financière2. L’organisme suggère d’utiliser la probabilité de 25% (une chance sur 4) d’être encore en vie. Concrètement, cela veut dire qu’à partir du moment où vous avez atteint l’âge de 50 ans, nous devons indiquer comme hypothèse dans votre projection de retraite un décès à 94 ans pour un homme et 96 ans pour une femme (voir le tableau ci-bas)[3].

Source: Institut canadien d’information sur la santé (cihi.ca)

Je crois que c’est une chance que nous avons de vivre plus vieux et plus en santé… mais il y a un coût. Il n’est pas rare aujourd’hui de voir une personne ayant commencé à travailler à 25 ans, être 35 ans sur le marché du travail et ensuite vivre 35 ans de ses économies de retraite. Les générations futures auront des choix à faire, sachant que l’espérance de vie s’allonge : commencer plus tôt à épargner, épargner davantage, reporter les rentes gouvernementales à 70 ans ou 72 ans, travailler plus longtemps, etc. En d’autres mots, comme le mentionne si bien mon collègue Eric dans son article à la page précédente, pour ne pas manquer d’argent, les retraités futurs devront « épargner tôt et épargner gros! Ou retirer peu et retirer tard! ».

Risque d’être en perte d’autonomie ou malade très longtemps

Une autre réaction que j’entends souvent lorsque je présente un plan : « Pourquoi prévoir des dépenses en soins de santé, au contraire, on dépense moins en vieillissant! » Selon l’Institut canadien d’information sur la santé, à partir de 70 ans, les dépenses des Canadiens en médicaments tendent à doubler tous les 10 ans[4]. Les personnes qui doivent prendre soin d’un proche ou de parents vieillissants, et parfois en perte d’autonomie, constatent également que le coût des résidences pour personnes âgées a explosé dans les dernières années. Tout va bien tant qu’on est autonome, mais dès qu’on a besoin de soins, la facture augmente rapidement. Tout est à la carte et il y a peu de services de base d’inclus. Certains auront une place en CHSLD public, cependant le temps moyen d’attente est de 10 mois (entre 6 mois et 4 ans selon les régions) et les personnes en perte d’autonomie sévère se verront offrir une place en priorité.

Et qu’en est-il du soutien à domicile ou des soins de santé au public? Avoir une expertise psychosociale pour débuter le processus d’homologation du mandat lors d’une inaptitude prend entre 6 et 12 mois; obtenir les services d’un(e) ergothérapeute pour adapter le domicile prend minimum un an; avoir un remplacement de hanche, se faire opérer pour les cataractes… tout est long. C’est la raison pour laquelle plusieurs se tournent vers le privé.

Je constate que généralement, les dépenses à la retraite prennent la forme d’un U. Les retraités dépensent davantage durant la retraite active pour les loisirs et les voyages, ensuite ils diminuent leur train de vie jusqu’à ce que la santé devienne un enjeu. Vous n’avez pas de contrôle sur le moment de votre décès, cependant, sachant qu’on vit de plus en plus longtemps, il devient indispensable dans la projection de retraite de prévoir des dépenses liées à des soins de santé, au moins les 10 dernières années de votre vie, pour réduire considérablement le risque de manquer d’argent.

En conclusion, les hypothèses utilisées dans votre projection de retraite s’appuient sur des études et tiennent compte des meilleures pratiques en gestion de patrimoine. Les variables sur lesquelles vous avez un contrôle, soit éviter de sous-estimer votre espérance de vie et prévoir des dépenses pour les soins de santé vous permettrons d’amasser et de préserver suffisamment d’argent pour votre retraite, peu importe sa durée.  Mourir jeune ne coûte pas cher, mais vivre vieux et malade coûte une fortune!

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[1] Source : Espérance de vie à la naissance et à 65 ans selon le sexe, Québec, 1975-1977 à 2022 (quebec.ca)

[2] Sources : L’Institut de planification financière (iqpf.org)

[3] Dans l’application Suite Conseils utilisée à la FBN, nous utilisons 20% de probabilité d’être encore en vie.

[4] Source: Institut canadien d’information sur la santé (cihi.ca) 
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Le cycle des émotions à la bourse… Partage du journal intime d’un investisseur https://moncoachfinancier.com/editoriaux/cycle-des-emotions-a-la-bourse/ Wed, 10 Jan 2024 15:19:00 +0000 https://moncoachfinancier.com/?post_type=editoriaux&p=1783 Journal intime d’un investisseur

Cher journal,

Je me sens beaucoup mieux ces jours-ci. Mon portefeuille d’investissement s’est replacé récemment, ce qui me soulage, je dois bien l’avouer.

Aujourd’hui, je suis fier de moi, car j’ai tenu le coup dans la longue tempête qui a secoué les marchés financiers ces 2 dernières années. Même si j’étais parfois découragé, je n’aurais jamais vendu en panique mes actions. Je sais depuis toujours qu’il ne faut pas agir sous le coup de l’émotion.

Mais puisqu’on est entre nous, cher journal, à toi je peux l’écrire : j’ai parfois douté de la véracité des belles phrases telles « ça va remonter » ou « il faut en profiter pour acheter quand c’est bas ». Je sentais que je perdais tellement d’argent! Et même quand on pensait que c’était déjà bas, la glissade continuait. À chaque mois, de grosses sommes s’envolaient… de l’argent que j’avais si difficilement épargné. Les économies d’une vie.

Mon conseiller m’avait déjà partagé une image [i] (celle que je colle ci-dessous) et j’avoue aujourd’hui qu’elle représente assez bien ce que j’ai traversé. La bourse fluctue et nous fait vivre bien des émotions.

Cycle des émotions à la bourse

Il y a quelques mois, une petite voix intérieure me suggérait d’acheter des actions quand leur prix s’était déprécié. Mais je ne l’ai pas fait… et je le regrette maintenant. J’essaie de me le pardonner en me répétant que c’est parce que j’ai manqué de temps pour le faire, ou que ça m’est sorti de la tête. Mais puisque je suis toujours honnête avec toi, mon cher journal, je vais l’écrire et ce sera notre secret : ça ne me tentait pas du tout d’investir dans des actions puisque tout indiquait que la baisse se poursuivrait. Aux nouvelles, les spécialistes parlaient de récession, d’inflation, de guerres, de familles qui n’arrivaient plus à rembourser leur hypothèque en raison des hausses de taux, etc. Je me suis donc tourné vers ma banque pour placer des petites sommes dans des placements 100% sécuritaires, qu’ils appellent « certificats de placement garantis » ou CPG. Les taux d’intérêt étaient vraiment trop attirants. Plutôt que de saisir les occasions sur les marchés financiers, j’ai utilisé mes surplus pour agrandir enfin mon cabanon. Bon, j’ai un peu mis de côté mon plan d’épargne à long terme, mais je me suis dit qu’il valait mieux profiter de la vie que d’investir dans des placements qui pourraient me faire perdre rapidement de l’argent. Je pensais retourner à la bourse seulement lorsque les choses iraient mieux.

En voyant la remontée rapide des derniers mois de 2023, je regrette en réalité de ne pas avoir investi au moment où j’y avais pensé. Je ne le fais pas maintenant, tout va si mal dans le monde que le prix des actions semble être trop élevé. Mais aussitôt que ça rebaisse, j’achèterai en toute confiance. J’ai assez d’expérience pour savoir que la bourse finit toujours par se replacer…

Le contrat entre un investisseur… et lui-même!

Par Eric Gaudreau

Le journal intime fictif présenté aujourd’hui traite d’un concept nommé « cycle des émotions ». Il illustre un enchaînement d’états d’âme normaux, qui ne durent parfois pas très longtemps, mais qui surgissent intérieurement lorsque les marchés fluctuent. Les meilleures décisions sont rarement prises lorsque les marchés sont à leur creux. L’ambivalence s’installe et il est plus ardu dans ces circonstances d’écrire rationnellement sa politique d’investissement personnelle. Suite à la remontée récente des marchés, pendant que les craintes se sont temporairement dissipées, j’invite chaque investisseur à faire un contrat avec lui-même. Nous savons que la volatilité reviendra, tôt ou tard, et cet exercice nous outillera pour mieux l’affronter.

Que doit-on écrire dans un tel contrat? On devrait idéalement débuter par une énumération de nos principaux objectifs financiers. Ensuite, le plus important consiste à rédiger un aide-mémoire des leçons que vous tirez de votre carrière d’investisseur jusqu’à présent. En voici quelques exemples (plusieurs variations sont possibles, écrivez les vôtres dans le langage qui vous convient, pour mieux vous les approprier) :

– Personne ne sait où s’en va la bourse à court terme, je ne vais donc plus croire les prévisions alarmistes véhiculées à la télévision ou dans les journaux. Je ferai l’effort de me rappeler qu’en septembre 2023, un économiste de renommée mondiale m’avait ébranlé avec ses prévisions boursières apocalyptiques. Peu de temps ensuite, la bourse s’est mise à monter en flèche. Je ferai dorénavant comme Warren Buffet et j’investirai pour récolter les bénéfices des entreprises dans mon portefeuille, et non pas en spéculant sur la base des prévisions à court terme des économistes[ii].

– Si j’ai l’impression d’être plus inquiet que je ne l’ai jamais été, je vais relire l’éditorial d’Eric de janvier 2024 intitulé « Journal intime d’un investisseur ». Cette lecture me rappellera qu’il n’y a rien de nouveau dans le fait de voir la bourse fluctuer. Je devrai me souvenir d’ignorer ceux qui tentent de m’effrayer en répétant : « cette fois-ci, c’est différent, ça ne pourra pas remonter ». Note à moi-même : croire que « les choses sont différentes cette fois-ci » a toujours été un grand piège dont il faut se méfier. Rien ne change en réalité, et, au contraire, il n’y a rien de nouveau dans le fait d’observer de la panique sur les marchés. Il est donc inutile de s’en préoccuper.

– Même si mes craintes sont momentanément élevées, je ne serai plus attiré par les CPG si ma politique de placement à long terme ne prévoyait pas la détention de tels investissements. Mon plan a été établi en tenant compte de la nature changeante des marchés. Il fut discuté que des périodes difficiles allaient régulièrement être observées. Plusieurs épisodes du passé, dont les années 2022-2023, m’ont montré que d’importants reculs ne font pas dérailler ma situation financière personnelle. Je n’ai pas besoin de vendre 100% de mon portefeuille pour subvenir à mes besoins courants. Mes retraits sont raisonnables en proportion de mes avoirs et je peux très bien tolérer d’importantes variations à court terme sans pour autant compromettre l’atteinte de mes objectifs à long terme.

– Lorsque je me questionne sur ma stratégie d’investissement, je peux appeler mon équipe conseil. Ensemble, nous nous souviendrons de mes buts et nous ferons un retour sur les étapes essentielles à suivre pour les atteindre.

Un coup le contrat rédigé, il ne faut surtout pas le tabletter. On doit trouver un moyen de le faire apparaître régulièrement et accidentellement sous nos yeux, lorsqu’on s’y en attend le moins. Vous pouvez en remettre une copie à votre conseiller si vous souhaitez être appuyé dans le suivi de ce contrat. Personnellement, j’aime bien me créer des rappels récurrents dans un calendrier électronique. À titre d’exemple, j’ai régulièrement sous les yeux le type de rappel suivant en ouvrant mon agenda électronique le matin : « CECI EST UN RAPPEL APPARAISSANT À CHAQUE NEUF MOIS : me souvenir de ma conviction qu’il est important d’investir en tout temps sans tarder mes surplus de liquidité, surtout si les actions ont été malmenées ces derniers temps ». Il s’agit d’un contrat dans sa forme la plus simple, mais qui aide l’investisseur à garder la tête froide même lorsqu’il est dans l’impression que tout va mal partout dans le monde.

Oui, la bourse finira par baisser de nouveau, c’est immanquable puisque le comportement des marchés est de nature cyclique. Mais grâce à votre contrat avec vous-même, vous tournerez la situation en une véritable opportunité!

4 trucs qui vous protègeront 24 heures sur 24

Par Annik Noël

Tous les jours, on entend parler de quelqu’un près de nous qui est victime de fraude sur sa carte de crédit, dont le compte Facebook a été usurpé (usurpation d’identité), qui a reçu un appel suspect d’un agent du gouvernement lui disant qu’il a des impôts impayés (fraude par personnification), qui reçoit un appel de son ami qui est en prison et qui a besoin de 10 000$ maintenant pour pouvoir sortir (hameçonnage vocal exploitant la voix par intelligence artificielle) ou qui se fait extorquer par quelqu’un qui s’apprête à publier une vidéo compromettante (falsifiée, mais personne ne le croira!) sur les médias sociaux s’il ne remet pas les 5 000$ demandés… Les fraudeurs ont une imagination débordante, c’est sans fin!

Comment peut-on se prémunir de toutes ces fraudes? Nous ne serons jamais à l’abri totalement, mais voici quelques conseils et bonnes pratiques à suivre.

1. Verrouillez votre bureau de crédit :

Le saviez-vous? Depuis le 1er février 2023, vous pouvez maintenant verrouiller ou geler votre dossier de crédit auprès des deux agences de crédit Equifax et TransUnion dans le but de réduire significativement l’impact d’un vol d’identité. Pourquoi geler son dossier de crédit? « Une fois le gel activé, les agences de crédit ne peuvent pas livrer d’information sur votre dossier de crédit dans les cas suivants : une demande de prêt, carte de crédit ou marge de crédit; une augmentation de limite de crédit; un contrat de location à long terme, par exemple pour une automobile; un plan de paiement différé, par exemple pour un contrat de téléphonie cellulaire. »[1]  Remarquez qu’il est bien indiqué que les entreprises pourront toujours accéder aux renseignements de crédit à d’autres fins, mais si cela peut vous éviter de vous réveiller un matin avec une nouvelle hypothèque de 500 000$ à votre nom et de tout le stress qui vient avec, ne tardez pas à passer à l’action! Seul problème, c’est compliqué si on ne connait pas le chemin exact pour y arriver. Nous devrions pourtant avoir accès à notre bureau de crédit gratuitement. Vous trouverez dans l’article Geler son dossier de crédit pour contrer le vol d’identité la procédure complète pour verrouiller ou geler votre crédit. Si vous n’avez pas la patience de tout lire, voici les adresses utiles à retenir :

Equifax : https://my.equifax.ca/consumer-registration

Tous leurs services gratuits commencent par my.equifax. Si vous avez déjà été victime d’une fuite de données et que vous bénéficiez déjà d’un service de surveillance, il vous suffit de vous connecter à votre compte et de cliquer sur « Gérer le verrouillage ».

TransUnion : https://secure-ocs.transunion.ca

Dès que vous êtes connecté, choisissez l’option « gérer son gel de crédit », cliquez sur « continuer » et ensuite sur « Geler ».

N’oubliez pas de déverrouiller ou dégeler votre dossier de crédit avant toute demande d’emprunt!

2. Sécurisez votre boîte courriel:

Tout d’abord, soyez vigilant et attentif avant de cliquer sur un lien ou une pièce jointe lors de la lecture de vos courriels (ou textos). Validez le contexte de la demande, vérifiez l’adresse courriel de l’expéditeur, surveillez régulièrement vos éléments envoyés et surtout, n’envoyez jamais de documents contenant des renseignements personnels par courriel. Utilisez plutôt des solutions d’échange de documents comme Box, la Voûte, Dropbox, etc. Un clic de trop et les fraudeurs ont accès à votre boîte courriel. Pensez-y, si vous êtes capables de récupérer un mot de passe oublié par courriel, les fraudeurs qui ont maintenant accès à votre boîte courriel le peuvent aussi! « Il leur sera facile de modifier les mots de passe de vos comptes et d’y usurper votre identité, par exemple. »[2]  Pensez à protéger votre boîte courriel par une authentification à double facteur ou un mot de passe.

3. Contrôlez la diffusion d’informations personnelles:

Avant de partager des renseignements personnels, êtes-vous certain de l’identité de la personne à qui vous les communiquez? Est-ce que cette information est vraiment nécessaire? Est-ce que la méthode de transmission est sécuritaire? Si vous devez fournir des renseignements confidentiels, privilégiez le téléphone. Attention aux informations que vous publiez sur les médias sociaux[3] telles votre date de naissance, le nom de vos enfants, votre historique complet d’emploi, les dates où vous serez en vacances, etc.

Enfin, comme j’ai dit à ma fille : « Si tu tiens à raconter ta vie sur les médias sociaux, modifie au moins les paramètres de confidentialité pour que seuls tes amis voient tes publications et évite d’utiliser des réponses pouvant être facilement trouvées sur ton fil d’actualité lorsque tu dois choisir des questions de sécurité comme double validation, c’est trop facile pour les fraudeurs! ».

4. Protégez votre ordinateur et vos appareils mobiles:

Vous savez déjà quoi faire : utiliser un pare-feu, un antivirus de qualité, maintenir vos systèmes d’exploitation et applications à jour, avoir un bon mot de passe robuste et unique pour chaque application ou utiliser un gestionnaire de mot de passe, chiffrer ses données sur son téléphone, etc. On le sait tous quoi faire, mais est-ce qu’on le fait toujours? Vous arrive-t-il de vous décourager d’ouvrir votre boîte courriel 10 fois par jour toujours avec un mot de passe ou votre empreinte et de finir par l’enlever?

Selon le Centre antifraude du Canada, il y a eu 92 078$ signalements de fraude en 2022, 57 578 victimes et 531M$ en pertes financières liées aux fraudes![4] C’est énorme! C’est pourquoi les institutions financières, telle la Financière Banque Nationale, prennent de grands moyens pour vous protéger, et que parfois, les procédures semblent compliquées… Nous savons qu’il peut être fastidieux de devoir déposer les documents demandés dans le BOX au lieu de nous les envoyer par courriel, de devoir entrer un code reçu par texto avant d’avoir accès à votre portefeuille ou pour pouvoir signer électroniquement un document, de devoir confirmer de vive voix votre demande de retrait dans votre CELI même si vous nous avez laissé un message vocal. Tous ces petits gestes contribuent à faire équipe avec votre institution dans le but de vous protéger.

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[1] Geler son dossier de crédit pour contrer le vol d’identité | Protégez-Vous.ca (protegez-vous.ca)
[2] Boîte courriel : êtes-vous bien protégé? | Banque Nationale (bnc.ca)
[3] Fraude sur médias sociaux : comment se protéger ? | Banque Nationale (bnc.ca)
[4] Centre antifraude du Canada (antifraudcentre-centreantifraude.ca)
[i] Source: https://www.bnc.ca/content/dam/bnc/particuliers/pdf/guide-investir.pdf
[iI] En lien avec des prévisions pouvant mener à de mauvaises décisions, je vous invite à lire un article intéressant disponible en ligne au https://www.lapresse.ca/affaires/finances-personnelles/2023-03-12/l-argent-et-le-bonheur/francois-trahan-et-l-apocalypse-economique.php. J’ai vécu cet épisode. J’étais l’un des 120 analystes financiers dans la salle en question et j’ai été témoin de l’étonnement décrit dans cet article. Bien entendu, j’ai aussi vu la hausse fulgurante des marchés par la suite…
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Septembre est historiquement le pire mois de l’année à la bourse… et 2023 ne fait pas exception https://moncoachfinancier.com/editoriaux/septembre-pire-mois/ Tue, 10 Oct 2023 15:18:12 +0000 https://moncoachfinancier.com/editoriaux/septembre-pire-mois/ Par Eric Gaudreau

Si l’année 2023 se terminait maintenant, septembre remporterait la première position au classement du pire mois de l’année en ce qui concerne les rendements boursiers. Un résultat qui n’a rien d’étonnant puisqu’il s’agit d’une tendance historique largement observée. Élaborons maintenant sur les phases à venir des deux phénomènes cycliques que j’estime être parmi les plus puissants : le cycle des saisons et celui des élections américaines.

Tout d’abord, en ce qui concerne le cycle des saisons, la prochaine phase qui retiendra notre attention est celle dans laquelle nous entrerons dans quelques semaines : la période « d’hiver » (de novembre à avril inclusivement). Bien connu sous le nom d’effet Halloween, ce phénomène cyclique caractérise l’énorme différence de rendement entre les mois « d’été » et ceux « d’hiver ». Les rendements tendent à être largement supérieurs à la bourse l’hiver en comparaison de ceux de l’été. Pour plus de détails à ce sujet, je vous invite à lire ma chronique écrite en 2012 à ce sujet, et qui est toujours d’actualité considérant les reculs des dernières semaines (période d’été). Cet article est intitulé « Millionnaire en investissant l’hiver » et il est disponible sur notre site Internet[1].

Maintenant, parlons du cycle des élections américaines. Les années 1 et 2 de ce cycle, c’est-à-dire celles qui suivent les élections, sont généralement les moins profitables à la bourse. Souvenons-nous des très mauvaises performances des actions en 2022 : il s’agissait d’une année « 2 » du cycle et les rendements furent profondément négatifs, sans grande surprise[2]. Les périodes les plus prospères coïncident généralement aux années 3 et 4, soit celles où les politiciens tendent à formuler de nombreuses promesses. À l’approche des élections présidentielles de 2024 aux États-Unis, l’année 2023 est une année « 3 » (l’année pré-électorale). La bourse ne monte pas à chaque jour durant une année pré-électorale, bien entendu. Et un certain ralentissement autour du mois de septembre est fréquent comme nous l’avons vu précédemment. Mais plus tard cet automne, à l’approche de l’année des élections présidentielles de 2024, des vents plus favorables pourraient souffler si la tendance historique de ce cycle puissant se répète.

 

[1] Lien vers l’article : http://moncoachfinancier.com/editoriaux/millionnaire-en-investissant-hiver/

[2] Lectures suggérées : http://moncoachfinancier.com/editoriaux/cycle_electoral/ et http://moncoachfinancier.com/editoriaux/cycle-electoral-cycle-boursier/

 

« Tirer pleinement avantage du CELIAPP »

Par Annik Noël

Le CELIAPP est un compte d’épargne libre d’impôt pour l’achat d’une première propriété. Le nom le décrit bien : il s’adresse aux acheteurs d’une première habitation admissible. Ce compte vous permet de cotiser jusqu’à 8000$ par année (maximum de 40 000$ à vie) et surtout, de pouvoir déduire ces montants de vos revenus et d’éventuellement les retirer sans payer d’impôt pour acquérir son chez-soi. Certains diront que c’est un hybride entre le CELI et le REER, mais c’est un peu plus complexe que ça. Dans cet article, nous verrons ensemble les avantages et caractéristiques de ce compte, nous comparerons ce compte au REER (régime enregistré d’épargne-retraite), au CELI (compte d’épargne libre d’impôt), au RAP (régime d’accession à la propriété) et au REEE (régime enregistré d’épargne-études). Nous énumérerons également différentes stratégies à adopter.

 

Pour commencer, je vous partage l’histoire de Jérémy, un jeune épargnant qui m’a été présenté il y a une dizaine d’années, à l’époque où j’étais conseillère bancaire. Voyant que j’œuvrais dans le secteur des services financiers, il m’a demandé s’il pouvait me poser quelques questions au sujet du Régime d’accession à la propriété (le RAP). Il a économisé 25,000$ dans son REER pour la mise de fonds de sa première propriété. Il était fier d’avoir réussi à atteindre son objectif d’épargne en 5 ans. Il pensait au départ s’acheter un condo, mais les choses ont un peu changé depuis. Il y a deux ans, Jérémy a rencontré Héléna et ce fut le coup de foudre! Six mois après s’être rencontrés, Jérémy est déménagé dans le condo d’Héléna. Héléna est maintenant enceinte et ils ont l’intention d’acheter un bungalow à Val-Bélair.  Discipliné et prévoyant, Jérémy s’était documenté il y a longtemps à propos du RAP et avait retenu qu’il pourrait faire un retrait de 25,000$ de son REER sans impôts à payer et qu’il aurait à rembourser un montant chaque année dans ses REER. C’est le moment du retrait. Mon cœur s’est effondré… Malheureusement, c’était vrai il y a 5 ans, toutefois, sa situation a changé depuis et il ne se qualifie plus pour un retrait RAP. J’ai dû lui apprendre la mauvaise nouvelle : comme il a, à quelque moment durant l’année civile en cours ou les quatre années civiles précédentes, occupé comme lieu principal de résidence une habitation admissible au Canada dont il ou sa conjointe de fait était propriétaire, il ne se qualifiait plus comme « acheteur d’une première habitation[1] ».

 

Admissibilité

Aujourd’hui, avec le CELIAPP, Jérémy se qualifierait. Bien que les parents de Jérémy aient accepté de lui faire « don » de 25 000$ pour réaliser son projet, cette situation lui a engendré un stress énorme. Je ne voudrais pas qu’une telle situation vous arrive. Il faut donc s’attarder aux définitions. Pour se qualifier au CELIAPP, il faut savoir que la définition d’un « acheteur d’une première habitation » diffère lors de l’ouverture du compte et lors du retrait pour l’achat de la propriété. Pour pouvoir ouvrir votre compte CELIAPP, vous ne devez pas avoir été propriétaire, ni avoir habité dans une propriété dont votre conjoint(e) était propriétaire, dans l’année en cours ou les 4 années civiles précédent l’ouverture du compte CELIAPP. Cette règle s’assouplit lors du retrait pour l’achat de votre propriété. Au moment du retrait, pour pouvoir effectuer un retrait admissible, c’est-à-dire, un retrait non imposable et non remboursable, seul vous ne devez pas avoir été propriétaire dans l’année en cours ou les 4 années civiles précédent le retrait, peu importe que le conjoint ou la conjointe avec qui vous habitez l’ait été ou non.

 

Le CELIAPP ou le RAP : lequel choisir?

Dans un monde idéal, vous pourriez utiliser les deux. Supposons que vous et votre conjoint(e) voulez acheter votre première propriété dans 5 ans et que vous avez déjà tous les deux amassés 35 000$ dans chacun de vos REER. Vous pourriez, dès cette année, continuer d’investir 8000$ chaque année dans votre compte CELIAPP et ainsi amasser 40 000$ de plus dans 5 ans. Vous aurez ainsi 75 000$ chacun (peut-être plus selon la valeur de la croissance des placements dans le CELIAPP) pour la mise de fonds, donc 150 000$ au total. Selon votre budget et votre capacité d’emprunt, ce montant vous permet concrètement de donner 20% de mise de fonds sur une propriété d’une valeur de 750 000$.

Capture CELIAPP RAP

Si vous désirez acheter votre maison dans moins de 5 ans, que vous souhaitez épargner plus de 8 000$ par année ou avez déjà d’importantes sommes dans votre REER, vous pourriez privilégiez le RAP. Cependant, si vous désirez acheter votre maison dans 5 ans ou plus, que vous souhaitez économiser maximum 8000$ par année ou que vous envisagez une hausse importante de vos revenus dans les prochaines années, vous pourriez considérer ouvrir un CELIAPP. Entre les deux, le CELIAPP se démarque par le fait que vous n’avez pas à rembourser la somme retirée du CELIAPP. Mais n’oubliez pas que le CELIAPP ne peut servir qu’une seule fois dans votre vie alors évitez de « gaspiller » le CELIAPP en retirant moins que 40 000$ de ce compte!

 

Le CELIAPP, le REER ou le CELI : lequel choisir?

Bien peu de gens pourront maximiser ces trois comptes, alors lequel devriez-vous prioriser? Chaque situation est différente, mais voici quelques points à considérer. Premièrement, le CELIAPP est probablement le plus avantageux des trois comptes, mais ce dernier ne peut être ouvert plus de 15 ans. Le CELIAPP se doit d’être fermé au premier des événements suivants : vous faites un retrait admissible pour l’achat d’une première propriété, cela fait 15 ans que le compte est ouvert ou vous atteignez 71 ans. Il devient ainsi important de planifier l’ouverture du CELIAPP. Supposons que vous ouvrez le compte à 18 ans, vous devrez idéalement avoir épargné 40 000$ et acheté votre maison avant 33 ans. Si ce n’est pas le cas, qu’arrive-t-il? Vous aurez l’option de retirer la somme du CELIAPP et de tout transférer sans impact fiscal à votre REER (sans affecter vos droits REER) puis de retirer plus tard 35 000$ à titre de RAP si jamais vous achetez une propriété. Vous devrez cependant rembourser la somme retirée à votre REER chaque année. Voici quelques exemples de stratégies à adopter :

  • Vous êtes encore aux études et avez peu de revenus, vous pourriez d’abord cotiser à votre CELI quelques années. 5 à 10 ans avant l’achat de votre propriété, vous pourriez alors ouvrir le CELIAPP et y contribuer, soit avec de nouvelles sommes ou en retirant 8000$ par année (ou la différence) du CELI pour cotiser au CELIAPP. Ainsi, vous regagnerez vos droits CELI et aurez une déduction d’impôt de 8000$, pouvant être reportée.
  • Vous travaillez et êtes capable d’épargner 8000$ et plus par année, vous pourriez d’abord cotiser jusqu’à 35 000$ à vos REER. 5 ans avant l’achat de votre propriété, ouvrez et cotisez au CELIAPP 8000$ par année, jusqu’à un maximum de 40 000$. Vous pourrez ainsi profiter à la fois du RAP et du CELIAPP.
  • Vous avez déjà un REER et vous n’êtes pas en mesure de cotiser 8000$ au complet dans l’année au CELIAPP, vous pourriez par exemple faire une nouvelle contribution de 3000$ au CELIAPP et transférer directement la différence de 5000$ de votre REER au CELIAPP de manière à maximiser votre cotisation. Ainsi, vous ne pourrez pas déduire une 2e fois le montant transféré de votre REER, mais vous pourrez déduire 3000$ et éviterez d’avoir à rembourser la somme retirée.
  • Vous êtes âgé de 65 ans ou moins et vous êtes à loyer. Même si vous avez maximisé vos REER, vous pourriez ouvrir un CELIAPP, y cotiser jusqu’à 40 000$ sur 5 ans et par la suite, transférer cette somme à votre REER ou votre FERR, sans acheter de propriété. Vous pourrez ainsi réduire votre revenu net et peut-être tirer profit de certains crédits d’impôts ou programmes socio-fiscaux.

Voici les grandes différences entre le compte CELIAPP, le REER et le CELI :

Capture CELIAPP REER CELI

Droits de cotisation inutilisés reportés?

Tout comme pour le régime enregistré d’épargne-études (REEE), il est possible de reporter vos droits de cotisation inutilisés au CELIAPP jusqu’à un maximum de 8000$ supplémentaire par année (2500$ pour le REEE). Toutes les cotisations que vous versez à vos CELIAPP et tous les transferts de vos REER à vos CELIAPP réduiront votre plafond à vie au titre du CELIAPP. ATTENTION! Si le total de vos cotisations et transferts à vos CELIAPP dépasse vos droits de cotisation à un CELIAPP pour l’année, vous aurez une pénalité de 1% par mois sur l’excédent (même pénalité que dans votre REER ou votre CELI).

 

Bonne nouvelle! Le CELIAPP sera disponible dès novembre 2023 à la Financière Banque Nationale.

[1] Site du gouvernement fédéral : https://www.canada.ca/fr/agence-revenu/services/impot/particuliers/sujets/compte-epargne-libre-impot-achat-premiere-propriete.html

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Le délai de récupération pour effacer un repli https://moncoachfinancier.com/editoriaux/delai-de-recuperation-effacer-repli/ Fri, 14 Jul 2023 19:38:58 +0000 https://moncoachfinancier.com/editoriaux/delai-de-recuperation-effacer-repli/
« Je n’obtiens aucun rendement en retour du risque que j’ai accepté de prendre… Est-ce que le jeu en vaut la chandelle? »

Par Eric Gaudreau

 

« Les taux sont à 5% pour des placements garantis. Et pendant ce temps, je perds avec mes placements actuels. Dois-je changer de stratégie? »

Vous vous reconnaissez dans ces quelques phrases d’introspection? Vous n’êtes pas seul. De très nombreux investisseurs me posent depuis quelques mois ces questions. Dans ma dernière chronique trimestrielle, j’ai analysé en profondeur ce dilemme, mais je constate que ma réponse n’était pas assez directe. Peut-être trop élaborée, trop nuancée? Si vous voulez la version longue de la réponse, je vous invite à relire mon éditorial de mars intitulé Devrait-on tout mettre dans un CPG[1]. Si vous préférez la réponse courte et simple, à savoir si le jeu en vaut la chandelle, alors lisez plutôt ceci.

Si vous vous posez la question APRÈS une baisse boursière comme celle-ci…

… et bien sans détour je vous le dis : « NON, le jeu n’en valait pas la chandelle » Inversement, si la question est soulevée à la suite d’une ascension telle que celle illustrée à l’image suivante, alors la réponse devient : « Bien sûr que oui! ».

Le rendement historique obtenu depuis l’ouverture de notre compte dépend en grande partie du moment où le calcul est effectué. S’il est calculé au creux du marché, assurément il sera décevant. Le contraire est aussi vrai. En d’autres mots, une forte hausse boursière survenue immédiatement avant d’effectuer l’analyse de notre performance peut donner l’impression que le rendement a toujours été bon, de façon consistante et répétée, sans que ce ne soit pourtant le cas dans les faits. Le récent passé a une énorme incidence sur le calcul de notre rendement cumulatif… et sur notre satisfaction face à notre stratégie d’investissement.

Si votre intention est d’utiliser 100% de votre portefeuille en un seul temps pour une dépense qui n’arrivera qu’une seule fois dans votre vie, alors le succès de votre stratégie d’investissement reposera sur les aléas de la bourse, ce qui vous rend particulièrement vulnérable. Dans une telle situation, d’autres types d’investissements pourraient mieux convenir. Mais si les décaissements (retraits) de votre portefeuille sont très faibles, et s’ils sont répartis dans le temps tout au long de votre retraite, alors les corrections boursières peuvent être ignorées puisque leur impact sur la durabilité de vos investissements sera négligeable.

Une vaste majorité des investisseurs à qui j’offre des conseils n’ont pas envisagé vendre lors des épisodes baissiers du passé, mais un plus grand nombre y songe cette fois-ci. Qu’est-ce qui est différent des autres fois? Étudions ensemble la question en revisitant un épisode précédent marqué par un fort recul boursier.

Le chiffre magique était alors le 18

En mars 2020, lorsque la bourse a fortement chuté, au début de la pandémie, il n’y avait aucune place intéressante pour se réfugier. En vendant à perte nos actions et en les remplaçant par un produit à rendement garanti, il fallait être disposé à patienter jusqu’en 2038 pour que notre portefeuille récupère le recul infligé par la pandémie. En d’autres mots, le gigantesque recul survenu en 18 jours allait nécessiter 18 ans de patience pour être récupéré pour celui qui vendait au creux et se réfugiait en CPG. Pour leur part, les investisseurs qui n’ont pas vendu leurs placements boursiers ont tout récupéré environ en 18 semaines seulement. Spectaculaire comme différence! 18 semaines avec des actions… ou 18 ans avec des placements garantis.

Mon point est le suivant : les taux dépassaient à peine les 2%, ce qui n’attirait pas beaucoup les gens et les aidait à tenir le coup dans leur stratégie d’investissements boursiers. Mais aujourd’hui, le taux spectaculaire de 5% offert pour des placements garantis dépasse l’imaginaire selon nos souvenirs récents.

Mais même si l’alternative en revenus fixes semble intéressante, les grandes disciplines d’investissements boursières privilégiées par le passé devraient toujours être observées : vendre ses actions après une baisse de marché a rarement été une stratégie gagnante. Récupérer les sommes perdues ne se fait pas du jour au lendemain. Surtout si l’on se contente d’instruments à taux fixe. Le tableau ci-dessous illustre le délai nécessaire pour récupérer un recul de 33.3% si l’investisseur matérialise sa perte et remplace ses actions par un placement offrant un taux de rendement garanti. À l’époque où les taux n’étaient qu’à 2.28%, le chiffre magique était 18, nous l’avons vu précédemment.

Tableau 1-

Aujourd’hui, même si les taux semblent beaux à 5%, il faudrait malgré tout beaucoup de patience pour récupérer une perte de 33.3%. Plus de 8 ans en fait en utilisant un placement garanti. Alors qu’historiquement, à la bourse, le délai de récupération est beaucoup moins long. On ne le connaît pas à l’avance, puisque chaque phase haussière des cycles boursiers est unique. Mais le rebond initial est régulièrement fulgurant, ce qui réduit considérablement le délai de récupération et appui la recommandation de conserver sa discipline d’investissement à long terme. Mieux vaut ignorer les soubresauts boursiers qui surviennent à tout moment.

Dois-je rembourser mon hypothèque plus rapidement ou investir pour ma retraite?

Par Annik Noël

Nous nous étions habitués à des taux d’intérêts très bas depuis 2009, tout en sachant qu’un jour les taux augmenteraient, mais la pente a été plus rapide et plus raide que ce à quoi plusieurs s’attendaient. Depuis mars 2022, cette situation oblige plusieurs ménages à restructurer leurs finances. Mais par où dois-je commencer?

Avant même de choisir entre rembourser son hypothèque plus rapidement ou investir pour sa retraite, je crois que nous devrions commencer par établir nos objectifs, prioriser nos projets et réviser notre budget en conséquence. Est-ce que j’attends avant de changer ma voiture, qui est encore en bon état, pour payer mon hypothèque plus vite? Est-ce que je diminue les voyages à chaque année ou est-ce que je coupe dans le budget restaurant pour payer mon hypothèque plus vite? « Le véritable enjeu est ici, dans les dépenses discrétionnaires, celles associées au plaisir. Dans la plupart des cas, ce sont ces dépenses qui devraient être remises en question si vous souhaitez vraiment améliorer votre situation financière. Pas vos investissements pour la retraite comme le REER ».[2] Nous préférons tout acheter sur le champ, à crédit bien souvent, afin d’en profiter maintenant. Avec l’augmentation des taux d’emprunts, peut-être devrions-nous commencer par nous demander: « En as-tu vraiment besoin? » comme le suggère Pierre-Yves Mcsween dans son livre sur les finances personnelles.[3]

Si je ne peux faire les deux, comment faire pour optimiser ma situation financière? « Il est préférable de considérer avant tout le retour sur investissement comparativement au bénéfice de rembourser l’hypothèque plus rapidement. »[4]  Il y a quelques grands principes à considérer pour prendre une décision éclairée, à commencer par maximiser son REER. Règle générale, si j’ai pu obtenir un prêt hypothécaire, c’est que j’ai un bon revenu, qui se situe au moins dans le pallier d’imposition de 37,12%. Cotiser à mon REER me permet non seulement d’épargner pour la retraite, mais génère des liquidités tel un remboursement d’impôt ou bonifie certaines prestations socio-fiscales. Deuxièmement, si j’ai des enfants, je devrais maximiser le régime enregistré d’épargne-études (REEE). Je recevrai minimum 30% de subventions gouvernementales, sans effort supplémentaire! Troisièmement, je devrais maximiser mon CELI, qui génère du rendement à l’abri de l’impôt. Il ne faut jamais sous-estimer l’effet du rendement composé à long terme. Quatrièmement, c’est à ce moment qu’on devrait commencer à se poser la question, car la réponse dépendra du profil d’investisseur, de l’horizon de placement, de la possibilité de déduire les intérêts de la dette, etc. Si j’ai une tolérance au risque faible et que le rendement potentiel net d’impôt sur mes placements est inférieur à mon taux d’emprunt hypothécaire à long terme, je devrais rembourser mon hypothèque plus rapidement. Au contraire, si j’ai une tolérance au risque moyenne ou élevée et que le rendement potentiel net d’impôt sur mes placements est supérieur à mon taux d’emprunt hypothécaire à long terme, je devrais privilégier l’investissement.

Si nous étions des robots exempts d’émotions, tout serait simple et basé sur des calculs statistiques. Il est actuellement contre-intuitif d’investir dans des placements boursiers volatils dont les rendements sont inférieurs à notre coût d’emprunt. Toutefois, avec l’augmentation de l’espérance de vie, la période à la retraite plus longue, nous devons porter notre regard sur le long terme et adopter des stratégies d’optimisation étalées sur 25 ans et non 5 ans. Pour réussir, il faut accepter de mettre nos émotions de côté à court terme.

                                      

Un écrit intéressant de notre économiste et stratège en chef Stéfane Marion

Voici un texte publié en juin 2023[5] par de Stéfane Marion qui a récemment retenu notre attention : « Statistique Canada vient d’annoncer que la population de notre pays a atteint 40 millions d’habitants à la mi-juin. Le nombre de Canadiens a augmenté de plus d’un million pour la première fois en 2022, un exploit qui sera probablement répété en 2023. Ces chiffres sont stupéfiants si l’on considère que le précédent record de croissance annuelle de la population était de 624 000 en 1949, lorsque Terre-Neuve a rejoint la fédération. Le Canada ajoutant aujourd’hui à sa population l’équivalent de deux Terre-Neuves par an, le classement démographique mondial évolue très rapidement. Comme le montre le Graphique Choc d’aujourd’hui, la population du Canada dépasse maintenant celle de la Californie (l’État américain le plus peuplé) pour la première fois depuis le début des années 1980. Si le fossé démographique s’est comblé, il n’en va pas de même pour la productivité. En 2022, le PIB de la Californie était 1,7 fois supérieur à celui du Canada. »

GRAPHIQUE -POPULATION CANADA

[1] http://moncoachfinancier.com/editoriaux/tout-mettre-dans-un-certificat-de-placement-garanti-cpg/

[2] [Chronique de Sandy Lachapelle] Devrais-je rembourser mon hypothèque ou cotiser à mon REER ? | Le Devoir

[3] En as-tu vraiment besoin?  MCSWEEN, PIERRE-YVES © Saint Jean 2016

[4] Est-il plus avantageux de payer son hypothèque ou investir? | JDM (journaldemontreal.com)

[5] Sources : https://www.bnc.ca/content/dam/bnc/taux-analyses/analyse-eco/hot-charts/hot-charts-230619-f.pdf et https://www.statcan.gc.ca/fr/sujets-debut/population_et_demographie/40-millions

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Devrait-on tout mettre dans un CPG? https://moncoachfinancier.com/editoriaux/tout-mettre-dans-un-certificat-de-placement-garanti-cpg/ Fri, 14 Apr 2023 14:12:27 +0000 https://moncoachfinancier.com/editoriaux/tout-mettre-dans-un-certificat-de-placement-garanti-cpg/ En constatant la baisse de son portefeuille en 2022, l’investisseur est en droit de se demander s’il aurait été préférable pour lui d’investir dans des placements garantis? Étudions aujourd’hui cette question sous un angle différent.

Demandons-nous d’abord quel taux de rendement satisferait nos attentes? Est-ce qu’une performance de 8.4% en moyenne par année depuis le 1er janvier 2020 pourrait être qualifiée comme étant « intéressante »? L’indice boursier S&P/TSX composite des actions canadiennes a progressé à ce rythme depuis ce temps. Si ce rendement de 8.4% vous semble satisfaisant, sachez que peu de gens ont su traverser cette période sans crainte ni remise en question. Les fluctuations observées peuvent donner mal au cœur; vous vous en souvenez si vous aviez des placements boursiers au cours de cette période. Au début de 2020, l’indice a d’abord progressé de 5.5% avant que les marchés financiers ne tiennent compte de l’existence d’une certaine pandémie. Le vent a rapidement tourné par la suite et l’indice a perdu plus du tiers de sa valeur en un mois seulement (un plongeon de 37.2% pour être précis). La reprise fut toute aussi impressionnante et l’indice torontois a doublé en 2 ans (hausse de 108.9%). Il a ensuite perdu 16.3% en quelques semaines en 2022, pour remonter de 12.3% plus récemment. Et bien oui, ce parcours sinueux fini par représenter un rendement cumulatif de 30% sur 39 mois (ou 8.4% en moyenne par année).

Illustration 1 Évolution de l'indice S&P TSX Composite CDN

Lorsque notre regard ne porte que sur le recul de 16.3% survenu en 2022 (du sommet au creux), il est tentant d’envisager des options sécuritaires, tels les certificats de placement garanti (CPG) offrant ces jours-ci des taux supérieurs à 4%. En effet, il est facile de faire des projections plutôt pessimistes quant au rendement futur de la bourse qui a perdu tout près d’un cinquième de sa valeur l’an dernier. Mais attention, il faut mettre cette baisse dans son contexte : les marchés avaient doublé juste avant. Et le fait d’avoir doublé doit, lui aussi, être mis en contexte, puisque la bourse avait fortement chuté auparavant. Mais ce qui pèse le plus dans la décision de l’investisseur présentement, c’est ce qui est plus récent (la baisse de 16% de 2022 et non la hausse de 100% amorcée en 2020). Il s’agit d’un biais cognitif normal connu sous le nom de l’effet de récence : la facilité de se rappeler beaucoup mieux des derniers éléments mémorisés d’une série, plutôt que des plus anciens. En investissement, il est utile de reconnaître les biais qui sont, à notre insu, programmés en nous. Le fait d’en prendre conscience nous aide à mettre les émotions de côté et à choisir la stratégie d’investissement qui optimise les probabilités d’atteindre nos objectifs. L’histoire montre que les ralentissements importants sont suivis de reprises impressionnantes et c’est la raison pour laquelle il est généralement recommandé de ne pas vendre ses actions après un recul important de la bourse, même si les taux offerts du côté des CPG sont alléchants.

En terminant, voici un autre élément à considérer. Il ne faut pas comparer la progression boursière passée de 8.4% au taux actuel de 4.25% d’un CPG disponible aujourd’hui. Avant de conclure que la différence est trop faible pour justifier la prise de risque d’investir à la bourse, il faut rendre la comparaison juste. En janvier 2020, il aurait été impossible de se procurer un placement garanti à 4.25% (ou s’il en existait un, la solvabilité de l’émetteur aurait été de qualité douteuse). À cette époque, le taux des CPG 3 ans n’était qu’à 1.6%, ce qui est insuffisant comme protection contre l’inflation. Le rendement de l’indice boursier a donc été largement supérieur à celui des CPG, malgré les reculs très inconfortables observés en cours de route.

[1] Source : Refinitiv (indice de rendement total S&P/TSX composite actions CDN).

Pourquoi jouer à la loterie des CPG indiciels et des billets liés (ou notes structurées)?

Le « market timing », soit la tentative de prévoir la direction des marchés, a une incidence majeure pour les détenteurs de certains types de produits. Prenons l’exemple de la progression récente des marchés. Parmi les réponses suivantes, laquelle correspond selon vous au rendement annuel moyen des 3 dernières années de l’indice de la bourse de Toronto? Est-ce a) 7.5% ou b) 19.5%? Et bien les deux réponses peuvent être bonnes. Tout dépend si on s’intéresse à la période de 3 ans se terminant le 31 décembre 2022… ou celle qui a pris fin le 31 mars 2023. En effet, de janvier 2020 à décembre 2022 (36 mois), le marché a progressé de 7.5% par année en moyenne. Mais si la fenêtre observée couvre plutôt la période des 36 mois compris entre avril 2020 et mars 2023, un rendement spectaculaire de 19.5% par année fut généré. Il y a 33 mois sur 36 qui sont communs aux deux périodes, et pourtant l’écart est majeur.

Illustration 2 CPG indiciel plafonné vs TSX

Pour profiter des hausses boursières, sans trop prendre de risque, on peut se procurer un CPG indiciel. Il s’agit d’un produit dont le capital est garanti. Son rendement est variable. Pour l’établir, deux données sont critiques : le niveau de l’indice au départ et celui à la fin. Tel qu’illustré au paragraphe précédent, ces niveaux bougent rapidement ce qui peut avoir d’importantes conséquences sur le rendement selon que l’échéance arrive au bon ou au mauvais moment (ex : 7.5% vs 19.5% pour différentes fenêtres de 3 ans dans l’exemple précédent).

Le CPG indiciel est offert sans frais, selon ce que l’on définit dans l’industrie comme un frais. Mais très peu de choses sont réellement « gratuites » dans la vie. Le rendement d’un CPG indiciel est basé sur l’évolution du prix des constituants de l’indice, ce qui exclut les dividendes. Les titres compris dans l’indice de la bourse de Toronto versent généralement plus de 3% de dividendes par année et l’investisseur en CPG ne les reçoit pas. La garantie de capital a donc un coût important, celui de la renonciation à plus de 3% par année en partant.

De plus, le rendement d’un CPG indiciel ne peut généralement pas excéder un certain plafond. À titre d’exemple, vous découvrirez en parcourant le site de différentes banques et institutions émettrices de ces produits, que les rendements de plusieurs CPG 3 ans arrivant à échéance ces jours-ci sont plafonnés à des seuils se situant entre 12 et 15%. Attention, on ne parle pas ici de rendement annuel, mais bien d’un rendement cumulatif de 12%, ce qui correspond en réalité à 3.85% annuel composé. L’illustration suivante fait ressortir que l’indice de marché, pour sa part, a progressé de 70.8% durant cette période, ce qui correspond à 19.5% par année (incluant l’effet des dividendes).

Bien entendu, le capital du CPG est garanti. Mais à quel prix?

La Régie des Rentes du Québec (RRQ) s’adapte aux travailleurs retraités

Le budget du Québec déposé le 21 mars dernier prévoit des modifications législatives importantes à venir concernant la Régie des Rentes du Québec (RRQ) et ce, dès le 1er janvier 2024. Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, le but est de retenir les travailleurs de plus de 65 ans sur le marché du travail tout en protégeant ceux qui désirent travailler à temps partiel. Voici, à l’aide d’un exemple concret, comment les changements proposés modifieront la planification de la retraite.

Marie, âgée de 67 ans, en pleine forme, a pris officiellement sa retraite à 60 ans, mais continue de travailler à temps partiel depuis. Elle gagne environ 15,000$ de revenus d’emploi, en plus de son fonds de pension et de sa pension de sécurité de la vieillesse (PSV), ce qui totalise 45,000$ de revenus bruts par année. Elle a reporté sa rente de la RRQ jusqu’à maintenant. Quels changements concernant la RRQ s’appliquent à sa situation?

Premièrement, elle pourrait reporter la demande de sa rente RRQ jusqu’à 72 ans (avant cette modification législative, la limite était de 70 ans). Plusieurs facteurs doivent être considérés dans cette décision. Le facteur le plus important est certainement l’état de santé. Bien que Marie ne connaisse pas le moment de son décès, si elle apprenait qu’un enjeu médical réduit son espérance de vie, elle devrait envisager demander sa rente. Si au contraire, elle est en bonne santé et que ses parents ont vécu jusqu’à 90 et 95 ans, elle devrait considérer reporter sa rente. En retardant sa demande, le montant qu’elle recevra sera plus élevé et elle pourra maintenir un certain niveau de vie dans le cas où elle épuiserait toutes ses économies. Le seuil de rentabilité entre demander la RRQ à l’âge de 65 ans plutôt que 60 ans se situe à environ 74 ans, et celui entre demander la RRQ (ou la PSV) à 70 ans plutôt que 65 ans se situe à environ 84 ans.[1] En comparaison, Marie a 25% de chance d’être encore en vie à 97 ans (selon les hypothèses de l’Institut québécois de planification financière[2]).

Il y a cependant un inconvénient à reporter la RRQ. C’est précisément pourquoi le gouvernement provincial veut revoir la période cotisable pour les travailleurs de 65 ans et plus. Sommairement, le calcul de la rente de retraite RRQ varie en fonction de la moyenne des gains de travail[3] et de la période cotisable. Pour bien comprendre, voici d’abord comment se calcule actuellement la rente RRQ de base (le régime supplémentaire n’est pas tenu en compte) :

  1. Calculer la période cotisable : comptabiliser tous les mois cotisés entre 18 ans et le mois précédent le début du versement de la rente ou le mois du 70e
  2. Retrancher 15% des pires mois, c’est-à-dire les mois où les revenus de travail ont été les plus faibles. Il est possible d’exclure certains mois (allocations familiales pour des enfants de moins de 7 ans, rente d’invalidité du RRQ et indemnité de la CSST).
  3. Calculer la proportion de la période de cotisation réelle par rapport à la période de cotisation exigée pour avoir la rente maximale à 65 ans (480 mois ou 40 ans). Ce ratio est déterminant dans le calcul de la bonification.

Cette méthode de calcul est particulièrement pénalisante pour les travailleurs comme Marie. En reportant sa rente, et en travaillant à temps partiel seulement, elle ajoute des années à faibles revenus, ce qui ne lui permet pas de maximiser les retombées d’un report. Dès le 1er janvier 2024, le gouvernement prévoit modifier la méthode de calcul de la période cotisable pour permettre à des gens comme Marie de pouvoir continuer à travailler à temps partiel après 65 ans, tout en laissant leur rente se bonifier, sans aucune pénalité. De plus, le gouvernement veut revoir et élargir les situations particulières à exclure du calcul, comme par exemple, une période où vous étiez proche aidant.

Dernière modification annoncée au budget, qui ne s’applique pas à Marie car elle ne reçoit pas encore sa rente de retraite de la RRQ : si vous êtes âgé de 65 ans ou plus, ou serez âgé de 65 ans ou plus l’an prochain, vous pourrez choisir de cotiser ou non à la RRQ jusqu’à vos 72 ans, âge à laquelle vous devrez cesser de le faire. Ce choix sera révocable annuellement. La procédure semble simple : il suffira de remplir un formulaire que vous devrez remettre à votre employeur. Dans le cas d’un travailleur autonome, le formulaire devra être remis à Revenu Québec. Lorsque ces mesures seront mises en place et que nous aurons tous les détails, nous prendrons le temps de réévaluer votre situation personnelle et de modifier, au besoin, nos recommandations.

Annik Noël, Pl. Fin. | Analyste principale en gestion de patrimoine       Eric Gaudreau, M.Sc., CFA | Gestionnaire de portefeuille

[1] Source : Demander ou reporter la rente de Retraite Québec (RRQ) et la PSV? (scfcpa.ca)

[2] Source : https://www.iqpf.org/Nouvelle/2022/04/28/default-calendar/l-iqpf-et-fp-canada-publient-les-normes-d-hypoth%C3%A8ses-de-projection-2022

[3] Source : article rédigé par David Truong de la Banque Nationale intitulé Le RRQ adapté aux travailleurs de 65 ans, disponible sur le site Finance et Investissement (finance-investissement.com)

[4] Source : Refinitiv (indice de rendement total S&P/TSX composite actions CDN).

[5] Source : Refinitiv (indice de rendement total S&P/TSX composite actions CDN).

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Quand l’inflation révèle son beau côté… https://moncoachfinancier.com/editoriaux/linflation-revele-beau-cote/ Thu, 05 Jan 2023 20:02:59 +0000 https://moncoachfinancier.com/editoriaux/linflation-revele-beau-cote/ Quand l’inflation révèle son beau côté…

Les répercussions d’un taux élevé d’inflation sont nombreuses au niveau des finances personnelles des contribuables ces jours-ci. Heureusement, la hausse de l’indice des prix à la consommation se traduit en une augmentation spectaculaire des paliers d’imposition en 2023 (6.30% au niveau fédéral et 6.44% au Québec). Sans ce mécanisme d’indexation, le taux moyen d’impôt d’un particulier monterait à chaque fois que son revenu augmente (ex : lors de la hausse salariale annuelle d’un travailleur ou lorsque la rente mensuelle d’un retraité est indexée). L’ampleur de la hausse des paliers en 2023 atténuera en quelque sorte certains autres impacts défavorables liés à l’inflation.

Capture- TABLEAU 1- JAN 2023

Hausse du plafond CÉLI à 6 500$ en 2023

La limite de cotisation annuelle au compte d’épargne libre d’impôt (CÉLI) est de 6 500$ en 2023. Un contribuable admissible[2] n’ayant jamais cotisé au CÉLI aurait droit d’y verser jusqu’à 88 000$ en 2023.

Comment déterminer mon droit de cotisation à mon CÉLI si j’ai déjà effectué un retrait? Un exemple rend l’explication plus claire :

En 2023, Alain pourrait cotiser jusqu’à un maximum de 96 000$ à son CÉLI. Voici pourquoi : 6 500$ pour 2023 + 28 000$ (retraits d’années antérieures) + 61 500$ (cotisations inutilisées de 2013 à 2022) = 96 000$[3].

Alain a cotisé 5 000$ par année de 2009 à 2012. En 2013, il a retiré sans impôt 28 000$ de son CÉLI, soit la totalité de son capital (20 000$) et de ses revenus de placement pour la période (8 000$). Il n’a plus jamais possédé de compte CÉLI depuis cette époque.

Capture- TABLEAU 2- JAN 2023

Le saviez-vous?

  • Une cotisation au compte d’épargne libre d’impôt (CÉLI) n’est pas déductible. Elle permet cependant d’accumuler des sommes qui généreront des revenus non imposables. Le retrait d’une somme de ce régime n’est pas imposable (que cette somme soit du capital ou du revenu).
  • Il n’y a pas de date limite pour contribuer au CÉLI (contrairement au REÉR). Les droits inutilisés s’accumulent tout simplement. Un rattrapage sera possible lorsque vous aurez davantage de liquidités.
  • Un CÉLI nouveau genre verra le jour en 2023 : le CÉLIAPP. Il permettra d’accumuler de façon avantageuse des sommes en vue d’acquérir une première propriété. Détails à suivre au cours des prochains mois[4].

Bonification du crédit d’impôt remboursable pour le soutien des aînés

À la suite d’une annonce du ministère des Finances du Québec[5], le montant maximal du crédit d’impôt pour un particulier âgé de 70 ans ou plus sera bonifié, et ce à compter de l’année d’imposition 2022. Le montant du crédit d’impôt sera versé dès le printemps 2023, à la suite de la production de la déclaration de revenus pour l’année d’imposition 2022. En raison de cette bonification, le crédit d’impôt remboursable pour les activités des aînés sera éliminé à partir de l’année d’imposition 2023.

  • Un aîné admissible sans conjoint pourra bénéficier d’un crédit d’impôt remboursable pouvant atteindre 2 000$ si son revenu net ne dépasse pas 24 195$. Ce montant sera réduit à 0$ lorsque le revenu net dépassera 64 195$.
  • Un aîné admissible et son conjoint qui n’est pas admissible pourront bénéficier d’un crédit d’impôt remboursable pouvant atteindre 2 000$ si leur revenu familial ne dépasse pas 39 350$. Ce montant sera réduit à 0$ lorsque le revenu familial dépassera 79 350$.
  • Un couple d’aînés admissibles pourra bénéficier d’un crédit d’impôt remboursable pouvant atteindre 4 000$ si leur revenu familial ne dépasse pas 39 350$. Ce montant sera réduit à 0$ lorsque le revenu familial dépassera 119 350$.
Capture- GRAPHIQUE 1 ET 2

Ce crédit d’impôt remboursable ne sera plus indexé annuellement. Toutefois, un mécanisme de revalorisation du taux de réduction de 5% sera introduit à partir de 2023. Il existe de nombreux crédits d’impôts pour les personnes âgées auxquels vous pouvez être admissible selon votre situation fiscale. Restez à l’affût des nouveautés et consultez un comptable au besoin afin de bénéficier de tous les crédits, déductions et programmes sociaux dont vous avez droit.

Loi sur la remise des dépôts d’argent aux cotitulaires d’un compte qui sont des conjoints ou des ex-conjoints (au Québec seulement)

Jusqu’à tout récemment, lors du décès de l’un des cotitulaires d’un compte bancaire, l’institution ne remettait pas les sommes au conjoint survivant tant qu’un liquidateur de la succession du défunt n’était pas désigné et que certaines démarches n’étaient pas effectuées. Cela pouvait prendre quelques semaines ou même quelques mois. Depuis la mise en vigueur de la Loi sur la remise des dépôts d’argent aux cotitulaires d’un compte le 8 décembre 2022[6], les codétenteurs d’un compte-conjoint au Québec qui sont des conjoints (mariés, en union civile, conjoints de fait) ou des ex-conjoints (divorcés ou ex-conjoints de fait) et qui sont les deux seuls codétenteurs du compte peuvent déclarer leur part respective dans le solde du compte. L’objectif de la loi est de permettre à un codétenteur d’accéder plus rapidement à ses liquidités advenant le décès de l’autre codétenteur du compte, avant même qu’un liquidateur ne soit désigné pour régler la succession. Il suffit de faire une demande écrite auprès de votre institution financière.

Dorénavant, si vous ouvrez un nouveau compte-conjoint visé par la loi, soit un compte chèque ou un compte épargne, vous aurez la possibilité de déclarer votre part respective dans le compte. Vous aurez la responsabilité d’informer la banque de toute modification par la suite. Ainsi, au décès de l’un de vous, l’institution financière aura l’obligation de remettre au survivant ou au liquidateur de la succession qui lui en fait la demande écrite, la part du solde du compte qui lui revient. Cette remise pourra être totale ou partielle, selon ce qui aura été demandé. À défaut d’une déclaration, la répartition des actifs sera présumée être 50%/50%.

Si vous détenez déjà un compte-conjoint visé par la loi ouvert avant le 8 décembre 2022, la répartition des parts est présumée être 50%/50%. Vous avez cependant la possibilité de contacter votre institution financière et de produire une déclaration pour modifier la part respective de chacun. Une signature de la part des deux codétenteurs sera exigée.

Annik Noël, Pl. Fin. | Analyste principale en gestion de patrimoine       Eric Gaudreau, M.Sc., CFA | Gestionnaire de portefeuille

[1] Sources : Revenu Québec et Agence de revenu du Canada.
[2] Pour être admissible à ce maximum, l’individu doit notamment avoir été âgé de plus de 18 ans depuis le lancement de cette mesure et avoir été résidant du Canada.
[3] Pour plus de précisions, veuillez consulter le site: http://www.cra-arc.gc.ca/tx/ndvdls/tpcs/tfsa-celi/cntrbtn-fra.html ainsi que le site https://www.canada.ca/fr/agence-revenu.gc.ca.
[4] Les grandes lignes du CÉLIAPP sont présentées dans l’article suivant : https://www.bnc.ca/particuliers/centre-aide/epargne-placements/regimes/celiapp-quoi-savoir-pour-acheter-premiere-propriete.html
[5] Source : https://www.revenuquebec.ca/fr/salle-de-presse/nouvelles-fiscales/details/2022-12-14/bonification-du-credit-dimpot-remboursable-pour-soutien-aux-aines/
[6] Pour plus d’informations, vous référer au site de Justice Québec : Mesures pour les cotitulaires d’un compte bancaire – Ministère de la Justice (gouv.qc.ca)
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Prévisions de marché à long terme : à quoi faut-il s’attendre? https://moncoachfinancier.com/editoriaux/previsions-de-marche-a-long-terme/ Wed, 05 Oct 2022 18:10:32 +0000 https://moncoachfinancier.com/editoriaux/previsions-de-marche-a-long-terme/ L’impact exercé par la démondialisation sur l’inflation pourrait teinter les rendements des portefeuilles équilibrés pour une période prolongée. Le bureau du chef des placements de Banque Nationale Investissements (BNI) élabore sur cette thématique dans son rapport annuel des prévisions de marché à long terme publié en septembre. Je présente aujourd’hui certains extraits de cette publication. Notez que tout ce qui est inscrit en italique provient de ce rapport. La version complète est disponible sur le site de BNI[1].

Inflation et démondialisation

Une part importante du succès de la Réserve fédérale à maintenir l’inflation près de 2 % durant l’ère pré-covid s’explique par l’absence de croissance du prix des biens. Concrètement, si le prix des services a environ doublé entre 1995 et 2020 (l’équivalent d’une croissance annuelle de 2,8 %), cette hausse a été contrebalancée par le prix des biens, qui ont à peine augmenté en 25 ans. Nul doute que la mondialisation a largement contribué à cette tendance, la production de biens à l’étranger s’avérant bien moins coûteuse que la production locale.

Figure 1 - Prix des biens

[Soulignons] que l’intensité du commerce international a plafonné en 2008 et recule graduellement depuis [figure 2]. Ainsi, c’est plutôt une accélération de cette tendance à la démondialisation qui se profile depuis peu […] pensons aux tarifs, droits de douanes et quotas – depuis 2018, année marquée par la guerre commerciale de l’administration Trump contre la Chine[2]. De plus, la pandémie a mis au grand jour la vulnérabilité des chaînes d’approvisionnement mondiales, qui sont à la merci des chocs exogènes […]. Fondamentalement, les interventions commerciales protectionnistes, tout comme la relocalisation des chaînes d’approvisionnement, sont des mesures inflationnistes.

FIgure 2 - intensité du commerce

Soyons clairs, le commerce international n’est qu’un facteur parmi tant d’autres affectant l’inflation. L’innovation technologique, la démographie, la propension des ménages à épargner, sans oublier les politiques monétaires et fiscales joueront toutes un rôle important, et il est difficile d’imaginer quelqu’un qui puisse prédire avec exactitude la somme de tous ces facteurs interreliés. Ainsi, bien qu’il soit raisonnable d’anticiper une inflation légèrement plus élevée sur une base structurelle, elle risque surtout d’être plus volatile que la norme pré-pandémique.

Pour les investisseurs, une conséquence potentielle importante d’un tel environnement se situe au niveau des effets de diversification entre les principales classes d’actifs. Plus précisément, la corrélation entre les rendements boursiers et les rendements obligataires tend à être négative lorsque l’inflation est basse et stable, comme ce fut le cas dans les années 1960 et pour l’essentiel des années 2000-2010. Au contraire, en période d’inflation élevée et volatile, la corrélation actions-obligations augmente et devient même positive[3]. C’est ce que nous observons dans les années 1970-1980, et plus récemment en 2022.

 Figure 3 - vers une correlation

Survol des prévisions de marché

Le choc de valorisation subi par les principales classes d’actifs en 2022 se traduit par de meilleures prévisions de rendements sur la plupart des segments de marché, la principale exception étant les actions internationales, où un changement de méthodologie nous amène à revoir nos perspectives à la baisse. Ainsi, un portefeuille équilibré[4] devrait désormais rapporter 6,0 % par an en moyenne au cours des cinq prochaines années, soit une hausse de 140 points de base par rapport au chiffre de 4,6 % obtenu lors de nos prévisions de 2021.

Figure 4 - prevision de marche

 

Les taux approchant des niveaux qui n’ont pas été vus depuis plus d’une décennie, le rendement prévu pour le marché obligataire canadien est désormais supérieur à l’inflation attendue au cours des cinq prochaines années, même après avoir révisé nos perspectives d’inflation à la hausse. Il s’agit d’une première depuis 2019.  

Dans l’ensemble, l’amélioration importante des perspectives de rendements des obligations nous semble être l’élément clé de nos nouvelles prévisions [meilleures espérances de rendements sur l’horizon cinq ans projeté]. Cependant, bien que la performance devrait ultimement être au rendez-vous, les investisseurs devront probablement s’habituer à naviguer dans des eaux plus troubles, une corrélation actions-obligations positive suggérant en effet que les bonnes années seront encore meilleures, mais que les mauvaises années seront encore pires que ce à quoi nous avons été habitués dans l’histoire récente.

 

Eric Gaudreau, M.Sc., CFA
Gestionnaire de portefeuille
Conseiller en gestion de patrimoine

                                              

 

[1] Source : https://www.bninvestissements.ca/perspectives-d-experts/publications-bureau-du-chef-des-placements.html.

[2] La pénurie de main d’œuvre actuelle n’est pas un phénomène nouveau… En 2018, j’écrivais à propos des politiques du président Donald J. Trump : « Une trop forte dose de protectionnisme risquerait de faire hausser fortement les salaires (pénurie de main d’œuvre qualifiée) ». Source : http://moncoachfinancier.com/editoriaux/tarifs-douaniers/.

[3] Mon éditorial de janvier 2022 portait sur ce sujet. Tel que mentionné : « il faut s’attendre à des rendements mensuels un peu plus volatiles en général pour les portefeuilles ». Disponible au moncoachfinancier.com/editoriaux/portefeuille-diversifie-vieux-jeu/

[4] Un portefeuille 60 % actions / 40 % obligations, composé de : 21 % S&P/TSX (CAD), 21 % S&P 500 (CAD), 12 % MSCI EAEO(CAD), 6 % MSCI Marchés Émergents (CAD), 25 % FTSE Canada Broad Universe (CAD), 10 % U.S. Investment Grade (USD) et 5 % U.S. High Yield (USD).

 

 

 

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Voici comment obtenir des taux plus élevés, même lorsque vos placements ne sont pas échus https://moncoachfinancier.com/editoriaux/taux-plus-eleves/ Tue, 05 Jul 2022 21:06:12 +0000 https://moncoachfinancier.com/editoriaux/taux-plus-eleves/ La semaine dernière, j’ai vu une voiture ralentir lorsque le feu de circulation est passé au jaune… et se faire happer par la voiture qui la suivait.  Lequel des conducteurs s’est fait chicaner par l’autre selon vous? Celui qui a freiné! Il s’est fait insulter… pour avoir été tout simplement prudent. Avez-vous déjà été pénalisé pour votre bon comportement? Prudence et récompense ne vont pas toujours de pair. Nous y reviendrons. Parlons d’abord de finances. Un accident semble être arrivé sur le marché des obligations. L’indice FTSE univers obligations canadiennes est en recul de 12,57% depuis le début de 2022. Les hausses de taux expliquent ce recul. Doit-on souhaiter que les taux redescendent pour que le prix des obligations remonte? Ou bien un contexte de taux plus élevés est préférable?

Nous savons qu’une hausse des taux d’intérêt entraîne une baisse immédiate de la valeur marchande du prix d’une obligation. Cette relation inverse est immédiate, sans délai. Mais qu’en est-il à plus long terme? Servons-nous d’un exemple pour étudier la question.

Supposons qu’un investisseur sélectionne dix obligations à coupons détachés[i] dont la valeur à l’échéance de chacune est de 100 000$ (tableau 1). Le coût d’achat de ce portefeuille est d’environ 810 000$. À chaque année, une tranche arrivera à échéance et, systématiquement, l’investisseur réinvestira le montant à maturité (100 000$) pour un nouveau terme de 10 ans.

Le tableau 2 illustre la performance de ce portefeuille selon différents scénarios d’évolution des taux d’intérêt. Si les taux montent de 3% (300 points de base) sur l’ensemble de la courbe des taux la première année, le portefeuille perd 6,9% de sa valeur. Si au contraire, les taux baissent de 1%, le portefeuille dégage un rendement positif de 8,7% la première année.

Tableau 2 Progression du portefeuille selon différents scénarios de taux

Ce qui est vrai à court terme tend cependant à s’inverser avec le temps. En effet, le scénario le plus profitable à long terme est celui où les taux sont les plus élevés. Nous voyons à la colonne de droite du tableau 2 que le portefeuille atteint une valeur supérieure si nous avons l’occasion de réinvestir les sommes à échéance à des taux plus élevés. Concrètement, nous préférons renouveler nos montants à échéance en achetant des nouvelles tranches à un taux de 7,5% plutôt qu’à 3,5% ou 4,5%.

DOIS-JE ATTENDRE LE RENOUVELLEMENT DE MES OBLIGATIONS POUR TIRER PROFIT DE LA HAUSSE DES TAUX?

AAu cours des 6 premiers mois de 2022, le prix des obligations a chuté de façon marquée (tableau 3), ce qui contribue à déprécier la valeur marchande indiquée sur le relevé de portefeuille des investisseurs détenant des obligations.

Puisque nos obligations arriveront à échéance progressivement, une à la fois, au fil des ans, doit-on conclure que la reprise de notre portefeuille sera très lente? Combien de temps devrons-nous attendre avant d’enfin détenir une masse critique de titres offrant des meilleurs taux? Les paragraphes qui suivent offrent, de mon point de vue, des réponses plutôt encourageantes à ces questions.

D’abord, il est bon de savoir qu’un coup le portefeuille déjà déprécié (ex : baisse de 810 000$ à 754 000$ pour reprendre l’exemple des tableaux 1 et 2), les 10 obligations offriront subséquemment des taux plus élevés que ceux obtenus à la construction du portefeuille un an plus tôt. Le tableau 4 affiche le détail du portefeuille un an plus tard (en 2023) dans l’hypothèse où les taux ont progressé de 3% en 12 mois. Une première tranche est alors échue et sera renouvelée à 7.5% pour 10 ans. Mais ce n’est pas la seule tranche qui progressera à un meilleur taux. Prenons l’exemple de l’obligation dont l’échéance est en 2027 (tableau 4). À l’origine, elle fut acquise, en 2022, pour 83 188$ (rendement annuel à l’achat était 3.75%). Douze mois plus tard, son prix a baissé à 77 007$ en raison de la hausse des taux. Mais les intérêts et le capital sont toujours garantis à l’échéance. En la conservant jusqu’à l’échéance, sa valeur passera de 77 007$ à 100 000$ en 4 ans, ce qui représente un rendement de 6.75% par année en moyenne. L’investisseur qui, déjà, a subi la chute du prix des obligations, n’aura pas, de surcroît, à attendre au renouvellement de son placement pour obtenir des taux plus élevés. Le « dédommagement » commence dès maintenant, ce qui constitue au moins une consolation.

Cette illustration offre également la réponse à une question qui m’est régulièrement posée : devrais-je vendre mes obligations et les remplacer par d’autres qui offrent des meilleurs taux? Supposons que nous vendions à perte en 2023 notre obligation échéance 2027, et récoltions 77 007$, dans l’espoir de réinvestir cette somme à un meilleur taux. Le meilleur taux disponible, pour une échéance et une qualité de crédit comparables, serait alors 6.75%. En réinvestissant 77 007$ à 6.75% pour 4 ans, nous atteindrions 100 000$ en 2027 (soit le même résultat qu’en conservant tout simplement celle déjà détenue). Aucun gain supplémentaire n’est obtenu en remplaçant notre obligation par une autre d’échéance et de qualité comparables. Après la chute du prix des obligations, le rendement moyen à échéance de celles déjà détenues est automatiquement rehaussé (fourchette 5,5% à 7,5% contre 2,5% à 4,5% un an plus tôt).

En conclusion, enfin les taux montent! Les efforts des gens prudents qui ont épargné ne semblent pas avoir été récompensés au cours des dernières années. Les taux d’intérêt obtenus ont été maintenus à des niveau très bas durant une longue période. Maintenant, les taux montent et le prix des obligations qu’ils détiennent chute, ce qui semble catastrophique lorsqu’on le regarde à court terme. Mais à mon avis, pour les investisseurs dont l’horizon est à long terme, il est souhaitable que ces hausses de taux se poursuivent… ce qui exigera beaucoup de résilience, je le reconnais, pour accepter d’observer, temporairement, une valeur marchande dépréciée pour les obligations déjà détenues. Après tout, récolter des intérêts plus élevés est tout simplement plus payant.

 

Eric Gaudreau, M.Sc., CFA
Gestionnaire de portefeuille

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[i] Les intérêts des obligations à coupons détachés sont versés à l’échéance seulement.
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