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Éditorial

Cycle électoral et cycle boursier

Cycle électoral et marché boursier
Acheter les promesses des politiciens (Règle #4 d’Eric)

Pas besoin des textes de Nostradamus pour prévoir certains phénomènes. Il suffit de conditionner son cerveau à voir les choses de façon cyclique. Prenons les déclarations du gouvernement américain à propos des catastrophes naturelles illustrées au graphique 1. Un constat s’impose. Le nombre de sinistres qui requièrent une réponse rapide et coûteuse subit une forte hausse généralement tous les 4 ans et tend à revenir l’année suivante à la normale. Est-ce en raison du réchauffement de la planète? Ou un simple hasard? Non selon Erwann Michel-Kerjan, un économiste de la Wharton School avec qui j’ai eu l’occasion d’échanger au sujet de ses études sur les catastrophes. La raison serait politique…

Edito juillet 2012 1

Dans le cadre d’une étude sur les risques de catastrophes, Michel-Kerjan constate de fréquents bonds durant les années d’élections présidentielles. C’est le président qui a la responsabilité de déclarer qu’un événement est un « désastre majeur », ce qui implique que le Congrès débloquera une somme d’argent pour l’assistance aux victimes. Bien qu’il existe des critères pour obtenir le statut de désastre, le président jouit d’une certaine flexibilité. Ainsi, il semblerait plausible que durant une année électorale, un président qui cherche à être réélu ou qui veut que son parti conserve le pouvoir soit plus enclin à initier une telle déclaration que dans une année non électorale. Michel-Kerjan reconnait qu’il existe quelques années d’exception : « si rien de majeur n’arrive, c’est difficile pour le président de l’inventer ».

Les activités d’un président visant une réélection influencent d’autres secteurs et semblent même avoir un impact sur le marché boursier. En se conditionnant à reconnaître l’existence de certains cycles, des tendances claires se dessinent. Les élections présidentielles sont tenues aux 4 ans. Les années 1 et 2, celles qui suivent les élections, sont généralement les moins profitables à la bourse. Les périodes les plus prospères coïncident généralement aux années 3 et 4, soit celles où les politiciens tendent à formuler de nombreuses promesses. Selon Yale Hirsch, co-auteur la publication annuelle Stock Trader’s Almanac (mon livre de chevet depuis 15 ans), le rendement du S&P500 a été positif pour la période de 7 mois qui s’étend de juin à décembre dans 13 des 15 années électorales depuis 1950.

Les cycles existent. Les boutiques de vêtement l’ont compris. Elles savent qu’un autre hiver saura arriver un jour et elles veulent en tirer profit : les habits de neige sont déjà en magasin. Les phénomènes cycliques sont bien entendu moins précis dans les domaines de la gestion de portefeuille et de l’étude des catastrophes naturelles. Mais certaines tendances sont néanmoins inspirantes. Comment prédire le bilan des désastres majeurs ou celui de la bourse pour le reste de 2012? Le résultat en fin d’année du nombre de catastrophes pourrait dépendre de la sévérité de la saison des ouragans. En ce qui concerne la bourse, il pourrait être influencé par l’évolution la crise de la dette en Europe. Mais dans les deux cas,  le résultat pourrait tout aussi bien dépendre simplement de la volonté d’Obama d’être réélu…

Eric Gaudreau, M.Sc., CFA
Conseiller en placement
Gestionnaire de portefeuille
Groupe Gestionnaires de portefeuille FBN
Tél.: 1 800 463-2635
Courriel: eric.gaudreau@bnc.ca