Deux enfants jouent. L’aîné dit : « Là, on disait que t’étais blessé et qu’il fallait que t’ailles à l’hôpital. »
Son jeune frère répond : « Oui, pis là je m’en allais avec mon auto, mais y a une bombe qu’y explosait. »
L’aîné poursuit : « Mais là, je t’avais sorti de ton auto juste avant qua l’explose pis on avait battu les méchants. Pis je t’avais guéri. »
Pourquoi les enfants jouent naturellement à l’imparfait? Ce qu’ils comptent faire dans un instant, ils en parlent en conjuguant leurs verbes au passé plutôt qu’au futur. Peut-être pour se garder la possibilité de changer au fur et à mesure le cours de l’histoire quand une situation ne fait pas leur bonheur? L’aîné souhaitait dans son jeu que son frère guérisse. Mais son frère a bousillé ses plans en ajoutant une scène où une bombe fait exploser sa voiture. Une chance qu’ils jouaient à l’imparfait pour pouvoir remonter dans le temps. Le grand frère a ainsi pu rajouter un plan dans lequel il sauve son frère avant l’explosion.
J’ai parfois l’impression que la maturité de certains politiciens n’excède pas celle d’un enfant de 4 ans. Dans leur tête, rien ne semble grave. On peut jouer avec le bien-être de tout un peuple comme s’il n’y avait aucune conséquence. Je fais bien sûr allusion ici aux enjeux liés au budget américain ainsi qu’au relèvement du plafond de la dette au dernier trimestre de 2013.
Caricaturons un entretien entre deux hommes d’un même parti politique :
Le premier dit : « Il faut absolument que l’autre parti change d’idée, ce n’est pas nous qui allons plier. » Le deuxième répond : « J’étais presque d’accord avec toi cher collègue, mais si on ne s’entendait pas avec eux, notre pays n’aurait plus les liquidités pour rembourser les intérêts sur la dette. »
Le premier reprend : « Pas grave, dans ce temps-là on emprunte pour assumer le versement des intérêts que nous devons. » Son collègue le questionne alors : « Mais, il n’y avait pas une limite à ce qu’on pouvait emprunter? » Ce à quoi le premier répond : « Bien oui, mais là, on disait que la limite n’existait plus, pis qu’on pouvait s’endetter autant qu’on le souhaitait… »
Les dirigeants des États-Unis ont relevé plus de 100 fois le plafond de la dette depuis 1939. À l’époque, la limite à ce qu’il était permis d’emprunter avait été établie à 45 milliards de dollars. En 2011, le plafond de la dette a été porté à 16 700 milliards de dollars*, niveau qui fut atteint en 2013. Les politiciens doivent s’entendre au plus tard en février pour le relever ou le suspendre de nouveau et ainsi pouvoir continuer d’emprunter pour honorer leurs nombreux engagements, dont celui de payer l’intérêt sur la dette du pays. Souhaitons que ça ne se termine pas comme une chicane d’enfant :
– Pouf, t’es mort
– J’peux pas être mort, la partie était finie, j’jouais même pus!
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