Juillet 2013

« La PSV, j’y ai droit, je la prends! ». Pas si vite…

Dès que je connais la date de naissance de la personne avec qui je parle, c’est plus fort que moi, un plan se trace dans ma tête et je ne pense qu’aux nouvelles possibilités qu’offre le report volontaire de la Pension de la sécurité de la vieillesse (PSV). Plein de questions me viennent à l’idée. Les considérations sont nombreuses et complexes. Cette décision peut représenter une augmentation considérable de vos revenus annuels futurs. À titre d’exemple, un individu qui aurait normalement droit à 6 846$ de PSV par année dès 65 ans qui décide d’attendre 5 ans avant de faire sa demande (report maximum) obtiendra en retour une prestation future plus élevée (9 311$ par année). La bonification est de 0.6% par mois de report, soit 2 465$ dans le cas présent[i].

Débutons avec le cas le plus simple. De vieilles habitudes devront être revisitées. À l’époque où le report n’était pas possible, le réflexe de plusieurs était de demander sa PSV aussitôt que l’on devenait éligible (à 65 ans), peu importe la situation. Il faut toujours garder en tête que si votre revenu personnel est supérieur à un certain niveau, vous êtes en mode de récupération de la PSV. On la reçoit d’une main, on la redonne de l’autre (une forme d’impôt). Avoir quand même fait sa demande n’était pas plus grave que ça… jusqu’à aujourd’hui. Les gens dans cette situation doivent dorénavant se questionner. Supposons qu’ils anticipent, par exemple, que leurs revenus demeurent élevés pour encore quelques années pour ensuite diminuer et être inférieurs au seuil de récupération (ex : suite à la prise de la retraite ou après s’être départi d’un immeuble qui génère des revenus, etc.). Maintenant que de nouvelles règles existent, il n’est peut-être plus optimal pour les gens aux revenus élevés de demander dès maintenant la PSV pour la redonner simultanément. Il est parfois mieux d’attendre l’étape de sa vie où les revenus imposables seront inférieurs et ainsi se qualifier pour recevoir un montant bonifié plus tard. Il existe certaines règles qui permettent de revenir en arrière sur votre décision si votre demande était déjà acheminée et que vous êtes dans cette situation.

Voici une autre situation. J’ai rencontré récemment une dame de 64 ans dont le revenu annuel était inférieur au seuil de récupération de la PSV. Au cours de la discussion, elle me parle de sa résidence secondaire qui devrait être mise en vente d’ici 12 à 18 mois. Je lui ai demandé si elle anticipait déclencher un important gain en capital lors de cette transaction. C’était justement son cas. Le gain anticipé est si grand que son revenu, l’année de la vente, excèdera les 100 000$. Je lui ai recommandé d’attendre que la vente soit derrière elle pour effectuer sa demande de PSV. Autrement, ce qu’elle recevrait en prestation de sécurité de vieillesse l’année de la vente de la propriété devrait être en bonne partie remboursé au fisc. Alors pourquoi ne pas attendre et ainsi toucher plus tard un montant bonifié qui lui restera.

Une autre situation qui vaut la peine d’être partagée avec vous. Récemment, un homme m’a consultée suite au décès de sa conjointe. Il est âgé de 64 ans, sans enfant, donc n’a pas d’héritier direct. Il n’a pas de raison ni d’objectif de laisser un patrimoine le plus élevé possible advenant son décès. Sa priorité, suite au décès de sa conjointe, est de se sécuriser pour le long terme, d’avoir une tranquillité d’esprit. Il doit donc prendre une décision. La première possibilité est de demander sa PSV dès 65 ans. Notons que même s’il exerce ce choix et qu’il touche sa PSV, il devrait, afin de maintenir son niveau de vie, utiliser annuellement dès 65 ans une partie de ses épargnes personnelles (sa seule autre source de revenus  étant la rente de retraite du Régime de rentes du Québec (RRQ)). L’autre possibilité est de reporter sa PSV à 70 ans, donc se priver de cette source de revenus pendant 5 ans, et de compenser en utilisant davantage ses épargnes personnelles. Par le fait même, ses actifs diminueraient plus rapidement. Sur le plan successoral, dans sa situation et selon ses priorités, ce n’est pas grave. Cette option lui procurerait une source de revenus plus élevés pour le restant de ses jours.

Un autre facteur à considérer est l’état de santé. Je rencontre régulièrement des gens qui me disent : « de toute façon, à 80 ans, je vais être mort depuis longtemps ». Si la personne a de bonnes raisons de penser ainsi, le report n’est pas nécessairement intéressant. Même pour des cas de récupération partielle de PSV. Mais n’oublions pas qu’en l’absence de problème de santé apparent, la survie est un des plus grand risque à la retraite. Récemment, j’illustrais à un couple le manque de capital à la retraite qui les attendait. Ils ont alors proposé à la blague une solution toute simple : monter une nouvelle illustration dont l’hypothèse de décès serait 88 ans plutôt que 93. Ainsi, les chiffres balanceraient. Mais qu’arrive-t-il s’ils vivent plus longtemps que l’hypothèse de l’illustration? Si la personne vit 5 ans de plus qu’elle ne l’aurait pensé, une pension bonifiée en raison d’un report de la demande serait, après coup, la meilleure décision qu’elle aurait pu prendre.